Erasmus et mobilité douce : témoignages à Pisani
Mobilité. En octobre, 36 élèves du lycée agricole sont partis en Erasmus. Deux groupes ont voyagé en bus et en train. Cette démarche s’inscrit dans la volonté d’Erasmus à promouvoir les transports moins polluants.
Du 17 au 28 octobre, 36 élèves du lycée agricole sont partis à travers l’Europe, en Italie, République Tchèque, Belgique et Espagne. Ceux qui sont allés dans ces deux dernières destinations ont voyagé en bus et en trains, laissant de côté l’avion. Cette incitation à une mobilité plus douce vient directement d’Erasmus. Depuis 2020, le programme prévoit la prise en charge des frais supplémentaires liés aux transports peu émissifs en gaz à effet de serre, qui sont, bien souvent, plus chers que le transport aérien.
« L’allée ça a été, mais au retour on a fait 20 h de bus », indique Lisie Amourette, une étudiante du lycée Pisani qui est partie en Espagne. Pour l’allée, avec ses camardes, elle s’est rendue de Chaumont à Paris en bus, puis ils ont pris un TGV jusqu’à Gérone. Après une nuit passée dans cette ville espagnole, ils ont pris un dernier train jusqu’à leur destination finale, Saragosse.
Sans compter leur escale de nuit, leur trajet a duré treize heures. « L’avion prend 2 h, mais il faut aussi compter le temps d’aller à l’aéroport. Ça prend aussi une journée », nuance Maryse Snauwaert, enseignante économie-gestion et chargée de mission Erasmus au lycée Pisani.
« Un jour je prendrai l’avion pour l’expérience »
Au retour, par manque de place, les étudiants n’ont pas pu prendre le train. A la place, ils ont pris un premier bus, de Saragosse à Lyon. Puis un second, de Lyon à Dijon. Enfin, ils ont fini leur voyage jusqu’à Chaumont en train. « Ça leur apprend à comprendre que prendre les transports, c’est aussi s’adapter. Ce n’est pas comme monter dans une voiture qui nous emmène où on veut », note Maryse Snauwaert.
Du côté des élèves partant pour Belgique, le trajet a été plus court, mais avec plus de galères. « Historiquement, les élèves allant en Belgique prennent un minibus, mais il est tombé en panne », explique Maryse Snauwaert. A la place, les élèves ont donc fait 5 h de train. « Le train était plus confortable. On a de la place et on peut bouger », estime Lalou Degart, une étudiante du lycée agricole partie en Belgique.
Entre crise écologique et les plaisirs du voyage et de la découverte, les cœurs des étudiants vacillent. « On sait qu’il faut faire quelque chose parce que là ça devient très grave. C’est bien de faire ça pour la planète, mais après j’aurais aimé avoir l’occasion de prendre l’avion », confie Anna Scoditi, une élève partie en Espagne. Ce qui l’amène à conclure qu’un « jour je prendrai l’avion pour l’expérience ». Deux autres de ses camarades partagent son avis. A l’opposé, ils sont quatre à vouloir continuer à prendre l’avion comme l’ont fait les générations précédentes.
Enrichissement personnel
Maryse Snauwaert souligne également tous les apports personnels d’un voyage. « Erasmus a un double objectif. Il y a les 10 jours en entreprise, mais il y a aussi des rencontres et de la communication. Le voyage favorise une ouverture d’esprit et donc l’inclusivité et la citoyenneté. »
Les retours des élèves vont également dans ce sens. « L’expérience Erasmus est incroyable. On a découvert de nouvelles choses et une culture différente en échangeant avec les gens qu’on a rencontré », se remémore Aurélien Joly, parti en Espagne.
Par ailleurs, le voyage permet également de découvrir de nouvelles manières de faire. « En Belgique, la ville a une subvention pour utiliser un cheval d’attelage comme camion poubelle. Je l’ai même conduit », raconte Lalou Degart.
Difficile donc d’avoir un avis tranché entre la pollution émise et les bienfaits apportés par le voyage. Maryse Snauwaert est du parti d’un recours raisonné au transport aérien. « J’ai pris plusieurs fois l’avion et aujourd’hui je ne m’en empêche pas. Par contre, je réfléchis en fonction de mes destinations pour trouver des alternatives et je me suis fixé comme objectif de le prendre au maximum tous les deux ans. »
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr