Equipe de France : ça bouge derrière
Longtemps considérée comme le point fort de l’équipe de France, notamment lors de ses grands succès de 1998 (Mondial) et 2000 (Euro), la défense des Bleus vient de subir trois terribles camouflets, encaissant quatre buts lors de ses trois premiers matches de l’Euro (un contre l’Angleterre, deux contre la Croatie et un contre la Suisse), après 1 078 minutes d’invincibilité.
Si “abondance de biens ne nuit pas”, la quantité peut, elle, parfois nuire à la qualité. Avec six éléments pouvant prétendre à la titularisation, Jacques Santini a visiblement du mal à trouver une stabilité à son organisation défensive. Ainsi, hier soir, sans déroger à son système de jeu à quatre éléments, le sélectionneur bouleversait encore une fois la garde rapprochée de Fabien Barthez, en composant un nouveau visage à la défense tricolore. Le troisième en trois matches.
Lizarazu orphelin
Pour le premier rendez-vous de l’Euro face à l’Angleterre, la défense tricolore ne souffre pas beaucoup, face à une équipe britannique très repliée. Si le capitaine emblématique, Marcel Desailly, n’est pas de la partie, la charnière centrale “Thuram- Silvestre” offre les garanties nécessaires au bon fonctionne- ment défensif, avec deux joueurs formés à ces postes pré- cis. Le but anglais surviendra pourtant sur un penalty provo- qué par Silvestre, sur l’une des rares actions offensives adverses.
Sur les côtés, William Gallas, habituellement au centre avec Chelsea, est décalé sur la droite (un peu comme Thuram l’a longtemps été avec les Bleus). Un positionnement qui ne gêne pas le défenseur de la “Premier League”. De l’autre côté Lizarazu conserve son poste de prédilection avec, cependant, moins de réussite qu’à l’habitude. Orphelin de Zinedine Zidane sur la gauche, le stratège bleu préférant distribuer le jeu dans l’axe, le défenseur du Bayern n’aura jamais de réelle influence sur le jeu.
Le retour raté de Desailly
Plus sollicitée face à la Croatie, la défense, guidée cette fois par Marcel Desailly associé à Lilian Thuram au centre, connaît quelques flottements, notamment en début de deuxième période. Un retour manqué pour le capitaine tricolore qui est à l’origine du deuxième but croate, en ratant son dégagement. Celui-ci est également dépassé par Mornar, à la dernière minute du match, heureusement sans conséquence pour les Français. Sur les côtés, Gallas conserve son côté droit, alors que Silvestre, lui, prend le côté gauche, comme il l’a souvent fait avec Manchester United. Le Mancunien est à nouveau sanctionné d’un deuxième penalty en deux matches : une mauvaise habitude à perdre très rapidement.
Sans solution miracle
Dans cette rencontre contre la Suisse, capitale pour la qualification en quart de finale, le sélectionneur décide de placer ses hommes sur leur poste de prédilection. Marcel Desailly faisant les frais de ses errements face à la Croatie, Jacques Santini aligne Thuram et Silvestre au centre et décide de titulariser les deux “latéraux de métier” que sont Sagnol à droite (entré en jeu lors des deux matches précédents), et Lizarazu à gauche. Le tout pour tenter d’apporter plus de percussion sur les côtés. De bonnes résolutions sur le plan offensif, à condition que les hommes de couloirs puissent compter sur un appui, ce qui fut rarement le cas durant ce match.
Dans sa configuration initiale, l’arrière-garde tricolore a même péché face à une formation suis- se qui n’avait pas encore marqué un but depuis le début de la compétition. Les Bleus se font prendre de vitesse dans l’axe par le duo “Cabanas-Vonlanthen”.
Revenue au schéma du premier match face à l’Angleterre, après le remplacement de Sagnol (blessé au bras) par Gallas, la défense bleue a toujours autant de mal à accompagner les mouvements offensifs, mais la solidité est là. C’est peut-être un peu plus haut qu’il faudra désormais réorganiser l’équipe de France, afin qu’au-delà de la victoire, elle puisse se montrer réellement convaincante.
Reportage au Portugal : Yves Tainturier