Equilibre – L’édito de Christophe Bonnefoy
Toute société, pour tenir, pour ne pas craquer en somme, joue en permanence sur des équilibres parfois compliqués à tenir. C’est vrai quand tout va bien. Ça l’est peut-être encore plus quand tout va mal.
Les Français sont tendus, ça n’est rien de le dire. Parce qu’ils sont inquiets. Parce qu’il n’y a rien de plus angoissant que les doutes sur l’avenir. Proche qui plus est.Gérer la crise du Covid-19, pour le gouvernement, est une affaire d’équilibre. Cela revient à la fois à rassurer… tout en ne cachant rien de la gravité de la situation. A confiner, encore quelques jours… ou plus longtemps… mais en laissant ce qu’il faut de libertés pour ne pas transformer la pression en colère incontrôlable. A concilier, on est au cœur du problème ici, santé publique – plus de 24 500 morts en France depuis le début de la pandémie – et redémarrage de l’économie.
Le problème sera le même après le 11 mai, si la date du déconfinement est confirmée. L’état d’urgence sanitaire, lui, sera prolongé. Jusqu’au 24 juillet. Et les nouvelles mesures qui l’accompagnent devront, elles aussi, s’appliquer de façon tout à la fois ferme mais supportable. Sur les décisions de mise en quarantaine et d’isolement pour les personnes arrivant sur le territoire national. Sur le “contact tracing” et la mission des “brigades d’anges gardiens”. Sur les déplacements sans attestation, limités à 100 km, sans que l’on sache vraiment ce qui sera autorisé ou pas en termes de tolérance.
Une affaire d’équilibre, donc. Tellement difficile à trouver. Précisément parce qu’il faut porter l’espoir sur un avenir qu’on est par définition incapable de prédire.