Équarrissage : adieu veaux, vaches, cochons…
L’équarrissage n’est pas la partie la plus ragoûtante de l’élevage. Néanmoins nécessaire, la prise en charge des cadavres d’animaux et l’élimination des déchets ultimes après abattage répond à des normes précises et des obligations d’airain.
Il y a un avant et un après crise de la vache folle dans la gestion des “déchets” animaux, désormais répartis en trois catégories. La première est composée d’éléments susceptibles de transmettre des maladies y compris à l’Homme et est incinérée. La seconde est moins dangereuse pour les humains et ne servira que d’engrais. La troisième est composée des restes de produits non consommés par l’Homme mais sains, générés lors de la préparation des viandes en abattoir, ateliers de découpe, boucheries etc. Ils sont collectés et transformés dans un circuit totalement distinct avec des débouchés de valorisation spécifiques.
Voilà pour la partie réglementaire qui ne saurait être écartée.
Reste les usages et le recours à ce service qui n’est ni public ni gratuit. Pour résumer, les éleveurs, pour la plupart, ont constitué des associations ATM auxquelles ils paient une cotisation, charge à cette dernière de négocier les tarifs avec les sociétés d’équarrissage et de mutualiser les coûts. ATM, c’est l’acronyme pudique pour “Animal trouvé mort”, qui est le fonds de commerce obligé des équarrisseurs. Là encore, les délais de collecte sont inscrits dans la loi : pas question de laisser les dépouilles tourner en charogne.
Pour la Haute-Marne, c’est la société Atemax qui est la seule agréée suite à un marché de trois ans remporté en 2023.
« Nous valorisons tous les produits que nous collectons », explique l’entreprise par la voix de Sophie Grégoire, responsable de la communication. « Au-delà des élevages, il y a encore une part résiduelle d’équarrissage sollicitée par les pouvoirs publics, concernant la faune sauvage, gibiers laissés morts sur le bord des routes par exemple, ou les animaux de cirque », précise-t-elle encore.
Baisse de production, crise dans les cheptels
En Haute-Marne, l’équarrissage est facturé autour de 300 € la tonne, incluant la collecte, la transformation et la valorisation. Ce coût se retrouve évidemment dans le prix de vente aux particuliers pour quelques centimes par kilo. Bon an mal an, cela représente une masse assez considérable de 3 150 tonnes collectées.
L’équarrissage, son fonctionnement, la volumétrie générale qu’il brasse, est un moyen assez fiable de mesurer une manifestation concrète de la crise agricole. En effet, la baisse constante des volumes collectés traduit la réalité d’un marché où la consommation de viandes reste stable. Si les équarrisseurs interviennent moins, c’est donc que la viande consommée est élevée et abattue ailleurs que sur le territoire national. Un crève-cœur supplémentaire pour les éleveurs dont les cheptels se réduisent, confrontés à une concurrence étrangère affranchie des contraintes normatives françaises. Dans ce secteur comme dans beaucoup d’autres, c’est la matrice de la grogne actuelle, où l’agriculture joue sa survie.
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