Epinoche langroise : la grande forme, malgré le climat déréglé
Nul doute, avec une nouvelle hausse de 152 adhérents cette année, l’Épinoche langroise, association aux rangs les plus fournis du Pays de Langres, a la patate. Reste qu’elle doit faire face aux effets du réchauffement climatique, contre lesquels elle ne peut rien du tout.
« Nous comptons 1 371 adhérents contre 1 219 l’an dernier ». Sachant que trésorier de l’Épinoche langroise Alain Coeurdassier, qui s’est exprimé en premier dimanche 19 février, a fait savoir qu’en 2021, l’association avait enregistré un bond de + 134. Nul doute, l’Épinoche langroise continue d’aimanter. Pourtant, et c’est son président Patrice Lapoire qui l’a souligné, l’année 2022 s’est encore avérée bien rude pour les pêcheurs : traînée du satané Covid, effets délétères d’une sécheresse exceptionnelle – baisse exceptionnelle du niveau de l’eau, cyanobactéries… L’annulation du concours aux carnassiers à La Liez a aussi été un mauvais coup – qui sera oublié le 14 mai prochain, jour de son retour. « D’aucuns ont demandé le remboursement de leurs cartes », faisant valoir que l’année de pêche avait été raccourcie à sept mois. Toutefois, la grogne n’a pas donc pas empêché l’explosion de ventes de cartes (+ 12,4%, soit + 160) : rien n’a terni l’attractivité de l’Épinoche langroise. Même si le trésorier s’est désolé que, quoique bénéficiant de la prise en charge de 5 € par le Département, elle compte « moitié moins de cartes jeunes que les autres associations. Ainsi, nous en avons 104 pour les moins de 12 ans quand Villegusien dépasse les 200 ». Le président Lapoire a indiqué qu’il faudrait porter l’effort sur cette tranche d’âge.
Palanquée d’effets délétères
« La température de l’eau a grimpé à 26°C ! ». La prolifération des cyanobactéries a été un mal associé. Aussi, merci de ne pas succomber à la mode des photos qui font souffrir le poisson destiné à être relâché. Patrice Lapoire a assisté à un shooting au cœur de l’été. « Le lendemain, le brochet d’un mètre était crevé ». Les cormorans gloutons allaient creuser la plaie la plus profonde. Le recours à des effaroucheurs est exclu : ils sont onéreux et il en faudrait beaucoup pour la surface à protéger. « Au lac du Der, ils sont 15 000… et commencent à nicher ». Sans oublier leurs cousines (oui, éloignées) les aigrettes, dont la recrudescence a été qualifiée d’ « affolante ». On redoute qu’elles deviennent elles aussi un fléau, avec « dans 2 ou 3 ans, plus de grenouille ni de crapaud ». Autre ravage : les foulques victimes des silures, en embuscade en profondeur. Ce n’est pas tout : « dans le canal, le problème, ce sont les algues ». La fédération a acquis 35 râteaux en fer, qu’elle a répartis entre les associations. L’Épinoche langroise en a deux… mais ils sont trop lourds à manoeuvrer. « On va favoriser les endroits faciles à pêcher, mais on ne les passera pas sur des kilomètres, avis aux amateurs ». En revanche, l’expérience d’un bateau désherbeur à l’œuvre il y a un mois dans le port est prometteuse. « Avec le réchauffement de l’eau et de l’air, ça pousse de plus en plus vite ». Et contre le climat qui vire à la bouilloire, « on ne peut rien faire ! ». D’où l’incidente qui a suivi : « Il y a 30 ans, les lacs gelaient deux mois… c’est malheureux à dire mais seule la grippe aviaire viendrait à bout des cormorans ».
Appui bienvenu des gendarmes
« Défauts de carte, pêche hors saison, aux horaires interdits… Il y a de plus en plus infractions ». En attaquant 2023 avec un seul garde au lieu de trois en 2022, Patrice Lapoire a certes lancé un appel à volontaires, mais il s’est surtout réjoui de la création d’une brigade de gendarmerie dédiée, rattachée au PMO de Rolampont. Qui agit avec mesure. « Les gendarmes informent, ce sont les récidivistes qu’ils verbalisent ». Le trésorier a relevé que le contrôle le plus épineux portait sur les tailles des prises. « Il y en a qui coupent la tête et la queue sur le bord… Il faut être tordu ».
Sentiment d’indifférence
« Nous avons vu le maire Anne Cardinal fin décembre pour renégocier la location du local de Langres Marne, mieux, pour en louer un autre ». Le loyer de 1 976 € pèse au budget. « Nous n’avons aucun retour ». L’absence d’un élu dimanche a renforcé le sentiment d’indifférence, malgré la pôle position de l’Épinoche langroise dans le monde associatif.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Tout plein d’informations au fil de l’eau
L’assemblée de l’Epinoche langroise a balayé de nombreux sujets, en délivrant beaucoup d’informations.
On ne peut plus acheter de cartes de pêches à Peigney, après que le dépositaire a agoni de bêtises le président de la fédération,et d’autres interlocuteurs. Indûment par-dessus le marché. En revanche, il devrait y avoir un nouveau dépositaire, à La Liez.
Le tarif de tous les types de cartes augmente en 2023. L’interfédérale va ainsi être de 105 € contre 100 €, le prix de celles des mineurs va passer à 22 € contre 21 €, celui des moins de 12 ans va aussi être rehaussé de 1 €, etc. Patrice Lapoire a expliqué qu’ « au départ, il s’agissait de répercuter la hausse de la TVA de 5,5% à 20% », puis rattraper « deux ans sans augmentation » et amortir « celle des charges des pisciculteurs ».
L’évolution de la réglementation concerne exclusivement les brochets, qui ne pourront être prélevés que s’ils mesurent entre 60 et 80 cm. Au-delà, les poissons pêchés devront être remis à l’eau.
Les descentes de bateau sur les 4 lacs autour de Langres sont allongées.
Les travaux menés à La Liez pour 1,3 M€ d’investissement ont été qualifiés de « grandioses » par Patrice Lapoire. « Il faut parer à une crue millénale, ce sont les normes européennes ». L’établissement public VNF « va donc pouvoir remonter le niveau d’eau d’un mètre, ça devrait être tout bénef’ pour les pêcheurs, pour la faune et la nidification et la flore ».
« On parle beaucoup d’égalité hommes-femmes. Eh bien chez nous, la carte femme est à 35 € quand celle des hommes est à 105 € », a pointé Alain Coeurdassier. Qui a indiqué en substance que ce n’était pas du tout une raison pour qu’un mari emmène sa femme (ou son fiston) pour prélever 12 saumons de fontaine -donc deux fois 6- alors qu’elle ne pêche pas.