Entrez, c’est ouvert – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le Salon de l’agriculture a connu un retard à l’allumage. La faute à une colère tellement – et trop longtemps – contenue, qu’elle peut subitement éclater et transformer un événement festif en un lieu d’échange d’amabilités… et de coups.
Le Salon devrait être chaleureux, rencontre bienveillante entre les Français et les agriculteurs. A l’ouverture, ce 24 janvier, c’était chaud, plutôt. Le souhait pressant que le rendez-vous soit avant tout festif n’a dans l’immédiat pas été entendu. Mais il reste du temps pour tutoyer veaux, vaches, cochons et les caresser dans le sens du poil. Au sens propre pour les visiteurs, au sens figuré pour les politiques qui ne manqueront pas de développer leur plan de communication, tous partis confondus.
Ça n’a d’ailleurs pas raté. Après le fiasco du fameux débat voulu par Emmanuel Macron, le chef de l’Etat a fini par rencontrer les paysans sur un coin de table, stylo en main, manches de chemise retroussées. On se serait cru au grand débat organisé pendant la crise des Gilets jaunes. Avec un peu plus de mesures concrètes, toutefois. A confirmer…
On ne peut pas enlever au chef de l’Etat d’avoir osé affronter les problèmes en face à face, sans se défiler. Il aime ça. Il est doué pour l’exercice, même sous les huées…
Voilà pour la forme. Parce que sur le fond, pas sûr que le monde paysan ait vraiment été convaincu par les échanges qui se sont tenus à l’ouverture du Salon. Au contraire, les agriculteurs sont peut-être, encore plus, sur le qui-vive, eux qui n’ont malgré les apparences pas lâché l’affaire depuis les blocages des dernières semaines.
Mais au moins médiatiquement, l’opération est réussie. Ce samedi matin sur nos petits écrans, on a moins vu les habituelles dégustations au gré des stands et les tapes sur les postérieurs des bovins qu’un Président plutôt à l’aise dans l’affrontement verbal et la tentative de retournement de situation.
Place à nos amies les bêtes désormais. Elles sont les vraies vedettes de ce Salon (avec leurs propriétaires).