Entre réalisme et illusion – L’édito de Patrice Chabanet
La paix vaut bien un voyage en Chine. C’est sans doute la principale motivation du déplacement d’Emmanuel Macron dans l’empire du Milieu. A tort ou à raison, le chef de l’Etat est convaincu que la Chine est la seule à même de faire pression sur la Russie pour l’amener à mettre fin à son agression en Ukraine. L’intention est louable, mais le champ des illusions est vaste. Deuxième puissance mondiale, la Chine n’entend pas dévier de sa trajectoire : supplanter les Etats-Unis. En d’autres termes, vue de Pékin la France est perçue comme une puissance secondaire. Dans ces conditions tout rapprochement avec notre pays vise – c’est la partie à peine cachée de l’accueil réservé au président français – à désolidariser l’Europe des Etats-Unis.
Que peut-on donc attendre de ce voyage ? Des déclarations de bonnes intentions, comme d’habitude. Business as usual aussi : de nombreux chefs d’entreprise composent la délégation officielle. L’objectif est de réduire l’écart entre importations et exportations. Or ces trois dernières années, les ventes de produits français ont progressé trois fois moins vite que l’achat de produits chinois. Pendant longtemps, nos élites se sont rassurées, convaincues qu’elles étaient que la Chine n’atteignaient pas nos standards de qualité et de sophistication. Or chaque jour apporte son lot de démentis à ces fausses croyances. Dernier exemple en date : la fabrication de voitures électriques. Les modèles chinois dament désormais le pion au précurseur Tesla. D’ici à quelques jours, il sera intéressant d’établir un premier bilan de la visite d’Emmanuel Macron. En rappelant au passage que la Chine tisse sa toile en recevant une sérieuse liste de responsables européens.