Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.
tribunal

Enfants maltraités : le père et la mère condamnés

tribunal

Qui a violenté une enfant de sept mois et son demi-frère ? Une mère de famille a-t-elle fermé les yeux sur les comportements de son compagnon ? Le tribunal correctionnel de Chaumont a tranché.

Les signalements se sont enchaînés. En septembre 2021, une voisine de Yoann M. fait état de ses craintes aux gendarmes. Les cris d’une enfant « de sept mois » ont alerté son attention. De véritables maltraitances ? Une dénonciation en lien avec des problèmes de voisinage ? Un mois plus tard, les services de l’Education nationale opèrent un signalement. Frère aîné de l’enfant à l’origine du premier signalement, un garçon de « 7 ans » aurait subi de mauvais traitements comme en attesteraient bleu au visage et griffures. Le même jour, les services sociaux font également état de vives inquiétudes.

Des investigations sont menées. Née au printemps 2021 de la rencontre de Yoann M et de Pauline L, Nadia (prénom modifié) a manifestement été violentée comme l’indique un examen médical. Des « traces récentes et anciennes » sont identifiées sur visage, mains ou pieds. Une radiographie révèle deux fractures anciennes « au radius et à la malléole ». Le bébé est immédiatement placé. Son demi-frère aurait également été violenté comme l’indiquent des lésions « compatibles avec des violences ou des accidents domestiques ».

Yoann M évoquera des hématomes en lien avec « la maladie des plaquettes » concernant Nadia. Le père de famille affirmera s’être rendu chez un médecin. La réponse de ce professionnel, interrogé en cours d’instruction, fait état d’une toute autre réalité. « Je n’ai jamais vu cette enfant ! »

« Je n’ai rien fait »

Père et mère ont été poursuivis. Il est notamment reproché à Pauline L l’absence de dénonciation de mauvais traitements. Une hérésie aux yeux de la jeune femme, placée en détention provisoire de décembre 2021 à octobre 2022. « Je n’ai rien fait ! Ma mère a prévenu les services sociaux, elle a parlé parce qu’elle ne m’aime pas, elle fait tout pour m’enculer ma vie. (…) Oui j’ai vu des bleus sur Nadia, mais pour moi, elle était malade. (…) Yoann m’a dit qu’il l’emmenait au médecin, je n’ai rien fait, on m’accuse à tort, moi, j’ai tout perdu, je n’ai plus mes gosses », clama la mère de famille avant de reconnaître que son aîné en avait déjà « pris une ».

Si la mère n’a rien fait, alors, c’est forcément le père. Problème… « Je n’ai rien fait, je n’ai rien à dire, les bleus, j’ai pensé que c’était une maladie, si vous aviez fait votre travail, vous sauriez que j’ai emmené la petite chez le médecin, je l’ai vu à l’accueil. (…) Vous croyez que vous êtes qui ? De toute façon, je n’ai rien à vous dire », tonna le prévenu, tantôt véhément, tantôt silencieux.

« Nadia avait entre six et huit mois au moment des faits, un expert est clair, cette enfant n’a pas pu se faire ça seule. (…) Monsieur dit ne pas avoir touché cette enfant, il a un temps évoqué la présence de son frère au domicile, madame a également tenté de multiplier les explications. (…) Monsieur et madame ont expliqué à la famille que Nadia avait été conduite à l’hôpital, tout ceci est faux, madame a vécu avec des oeillères, elle n’a rien voulu voir et a préféré privilégier monsieur à ses enfants », tonna madame le procureur Bras-Abbari.

Prison ferme

Me Roger tenta, au nom de Yoann M. de « ramener un peu d’objectivité dans les débats ». « Oui, il y a bien eu des coups sur cette petite, oui, une voisine a entendu le bébé pleurer en présence de monsieur, elle a entendu, elle n’a rien vu, mais ça, tout le monde s’en fout. (…) Qui a commis ces violences ? On n’en sait rien ! »

Et Pauline L dans tout ça ? « Madame ne peut pas dénoncer ce qu’elle ne sait pas, elle n’a jamais vu monsieur frapper les enfants et elle a cru à un problème médical concernant Nadia », souligna Me Lalloz avant d’appeler à la relaxe de sa cliente.

Décisions ? Incarcéré depuis décembre 2021, Yoann M a été condamné à trois ans de prison ferme. Le père de famille devra respecter une interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs. Séparée de son ancien compagnon « depuis trois mois », Pauline L a été condamnée à une peine de 18 mois de prison dont six assortis d’un sursis probatoire.

T. Bo.

Sur le même sujet...

Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Abonné
Langres
Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Tribunal correctionnel

Un homme de 38 ans a comparu détenu mardi 23 avril devant le tribunal judiciaire de Chaumont, pour agression sexuelle sur sa compagne dont il était une nième fois séparé(...)

Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j'étais dans un tourbillon »
Abonné
Chaumont
Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j’étais dans un tourbillon »
Tribunal correctionnel

Un quadragénaire a comparu devant le tribunal correctionnel pour violences conjugales, lundi 22 avril. Fini, le verbe, sa colère explosive s’était notamment traduite par des gifles à son épouse, le(...)

Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Abonné
Valcourt
Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Tribunal correctionnel

Une fille à laquelle des faits de violences aggravées sur sa mère sont reprochés. En récidive. À qui la justice a proposé un encadrement pour se libérer d’addictions délétères. À(...)