Energies : le gros coup de gueule d’Anne-Marie Nédélec
La maire de Nogent, par ailleurs présidente des maires de Haute-Marne, estime que la réponse des pouvoirs publics par rapport au prix des énergies qui frappe le monde économique n’est pas du tout à la hauteur des enjeux. « On court à la catastrophe », estime-t-elle.
Anne-Marie Nédélec cite l’exemple des boulangers mais elle évoque plus globalement le monde économique frappé de plein fouet par la crise énergétique avec des tarifs qui s’envolent. La maire de Nogent sait de quoi elle parle avec le tissu industriel implanté sur le territoire de sa commune. Anne-Marie Nédélec a reçu ce lundi 5 décembre les boulangers de Nogent.
Ils voient, comme tous leurs autres collègues, monter le coût des énergies de manière exponentielle. Gaz et électricité, c’est la même sanction. En tout état de cause, ces hausses ne peuvent pas être encaissées par ces professionnels qui ne peuvent pas non plus répercuter ces coûts sur leurs prix de vente. Certains vont mettre la clé sous la porte.
Elle a réuni lundi à Nogent les boulangers mais aussi une personne de la préfecture, une de la direction des finances publiques et quelqu’un de la chambre de métiers. Objectif : tenter de voir si ces artisans sont éligibles à une éventuelle aide.
Personne ne se rend compte de la situation
La boulangère de Biesles a déposé un dossier. Elle aura, avec les augmentations prévues, des factures de 20 000 € de gaz et 20 000 € d’électricité à payer. « L’aide à laquelle elle a le droit se monte à 156 € ! J’ai l’impression que personne ne se rend bien compte de la situation », ne décolère pas Anne-Marie Nédélec. « Oui l’Etat va encore dépenser des millions d’euros mais se rend-il compte que ça ne sert à rien ? », fulmine Anne-Marie Nédélec qui a déjà alerté la préfète sur le sujet.
Dans l’industrie, les factures d’énergies sont multipliées « par trois, quatre, cinq ou neuf », souligne l’élue, « mais personne ne sait pourquoi. » Et quand il s’agit d’avoir des explications, il n’y a plus personne au bout du fil. Les fameux boulangers de Nogent pourraient visiblement obtenir un bouclier énergétique (une hausse qui ne peut excéder 15 %), « seulement en janvier et en février » selon des critères bien précis. « Mais ils n’arrivent même pas à joindre leurs conseillers EDF ou autres pour dire qu’ils sont éligibles. On marche sur la tête », rouspète la maire de Nogent. Elle-même a essayé de joindre la directrice régionale d’EDF en charge des contrats professionnels… en vain. « C’est scandaleux », estime Anne-Marie Nédélec. « L’Etat est là pour fixer le cadre. Il est temps qu’il siffle la fin de la partie », ajoute la présidente des maires pour qui la spéculation sur le prix des énergies doit s’arrêter. « On est complètement à côté de la plaque », ajoute-t-elle.
Et Nicolas Lacroix se fend d’un courrier à la préfète
Il revient sur les éventuels délestages sur le réseau électrique auxquels se préparent Enedis et RTE. Ils risquent « d’avoir des conséquences qu’il ne faut pas négliger pour nos entreprises, nos exploitations agricoles, pour la continuité du service public mais aussi pour nos habitants », écrit le président du Conseil départemental qui veut attirer l’attention de la préfète « sur ce qu’on ne dit pas et sur ce qui me semble profondément dangeureux pour notre pacte social : le risque de voir une nouvelle fois le monde rural faire office de variable d’ajustement des incapacités du gouvernement à agir. »
« Alors qu’il nous est annoncé que la ville de Paris sera épargnée à 80 %, il serait incompréhensible que des villages entiers de notre territoire soient parallèlement plongés dans le noir. Et c’est pourtant la règle qui semble se dessiner dans le plan de délestage, avec des coupures d’électricité ciblées par zone géographique de 2000 clients », ajoute Nicolas Lacroix. Il a voulu alerter, dit-il, sur « la gravité du choix qui s’opère et sur l’importance de prendre d’urgence des mesures pour protéger notre territoire (…) ».