En souffrance – L’édito de Christophe Bonnefoy
Etre maire, un sacerdoce ou une souffrance ? Une indéfectible volonté de servir ou finalement, l’inévitable épuisement ? Un peu de tout cela.
Saint-Brevin-les-Pins, petite commune de Loire-Atlantique de 13 500 habitants. Tiens, on pourrait presque faire le parallèle avec nos villes haut-marnaises. Pas Marseille. Pas Paris. Pas Lyon. Mais une ville de taille moyenne et son premier magistrat, humain comme tout le monde. Avec ses qualités et ses défauts.
Mais rien, rien qui justifie qu’on en vienne à incendier ses biens. Ici, la violence de quelques abrutis est liée au déménagement d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile. Clivant, bien sûr. Mais une démocratie impose qu’on pose les questions sur la table. Qu’on en discute. Et qu’on se range à la vérité d’un débat contradictoire. Demain, sur d’autres sujets, locaux ou sociétaux, on frappera son maire ? On ira menacer ses enfants ou brûler la “maison du peuple” ?
La classe politique peut s’offusquer, tous bords confondus, des actes perpétrés en Loire-Atlantique. On a l’habitude des cris d’orfraie. Reste que depuis des décennies, les gouvernements successifs ont imposé aux maires des responsabilités qui ne sont naturellement pas les leurs. Ils les ont chargés – au sens premier du terme – jusqu’à leur passer l’envie de gérer les affaires de leur commune. Jusqu’à vouloir en faire des as de la gestion administrative quand eux voudraient tout simplement rester dans l’humain, la proximité, l’écoute… Dans des milliers de communes, notamment les plus petites, être maire ne doit pas signifier être une profession, avec ce que tout cela sous-entend de pesant et décalé par rapport aux populations.
Ça n’est pas un hasard aujourd’hui, si nombre de maires en place n’ont pas envie d’y retourner au scrutin suivant. Comme on dit, lorsqu’ils font le bilan, ils tirent souvent, d’un mandat, plus de négatif que de positif. De quoi, comme Yannick Morez à Saint-Brevin, vouloir passer à autre chose et démissionner, par dégoût, par peur ou par lassitude.