En sortir – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’attaque-surprise a pris tout le monde de court. Et a poussé à l’improvisation. Quand cette improvisation amène des couturières à se retrousser les manches ou des “makers” à faire tourner leur imprimante 3D 24 heures sur 24, c’est beau. C’est émouvant.
Mais lorsqu’elle met en jeu la vie humaine, elle est beaucoup moins acceptable. La pénurie de masques – avant même d’avoir été capable d’en fournir – ou la promesse, pour l’instant seulement la promesse, d’un dépistage systématique du Covid-19 seront à n’en point douter, après coup, l’un des grands marqueurs d’une forme d’échec.
La pandémie est là, reste maintenant à envisager la sortie. Et pour le coup, l’issue ne dépend pas que de nous. Pas que de l’État français. L’Europe, ne parlons même pas du reste du monde, encore moins des Etats-Unis, fait ce qu’elle peut. C’est bien là le problème. Chaque pays fait même ce qu’il veut. Confinements aux modalités différentes. Approches du problème parfois opposées. Tout juste les 27 ont-ils réussi, et encore, dans la douleur, à apporter une réponse concertée à une catastrophe économique inédite.
Sur le déconfinement en lui-même, ça part dans tous les sens. La France réfléchit aux modalités, sans pouvoir, à juste titre, fixer de date précise. Par régions ? Par tranches d’âge ? Partiellement ? Totalement ? Le débat est ouvert, il dépendra bien évidemment de l’évolution des courbes sanitaires. Ailleurs, en Europe donc, on est déjà dans l’après. Et parfois dans l’à-peu-près. Réouverture très prochaine de certains commerces. Date de déconfinement très proche, alors que les morts continuent à se compter par centaines chaque jour. Et absence, ou quasiment, de prise en compte d’une possible deuxième vague de coronavirus. Visiblement, on peut le craindre, la sortie de crise ne sera pas une partie de plaisir. Elle pourrait même être encore plus douloureuse qu’on ne le pense.