En solo – L’édito de Christophe Bonnefoy
Pas de débat, mais la présentation d’un programme en grande pompe. Pas de confrontation d’idées, juste l’égrenage de grandes lignes devant 250 journalistes, puis un jeu de questions/réponses. Emmanuel Macron a fait un choix : se placer au-dessus de la mêlée, ce que d’aucuns traduiront par prendre les concurrents de haut. Ça peut choquer, mais tant que ça passe… La campagne présidentielle est bizarre. Pas tout à fait atone, mais presque. Situation internationale oblige. La voix des armes étouffe celle des prétendants.
Dans ce contexte particulier et auréolé de sondages qui le placent largement en tête du premier tour, le chef de l’État aurait bien tort de changer de stratégie. C’est quand je veux, comme je veux.
Ce jeudi, il a ainsi expliqué sans le dire, comment il passe de la campagne canon de 2017 à une autre, plus posée et annonciatrice d’un quinquennat de consolidation du précédent.
En annonçant changer – un peu – la méthode. En souhaitant une France plus indépendante. Et en la rêvant plus unie. Sans oublier quelques promesses…
Attention toutefois. A quelques semaines de l’élection, vient d’éclater une nouvelle crise qui a déjà commencé à bouleverser notre quotidien. Et pourrait changer la donne politique à la vitesse de l’éclair. Le conflit en Ukraine a, entre autres, fait exploser les prix. Et quoi qu’on en dise, l’esprit Gilet jaune plane toujours dans notre pays, même si le Covid a par la force des choses, en quelque sorte, anesthésié la colère des Français. Pas de débat ? C’est dommage, c’est pourtant le jeu de la démocratie : affronter ses adversaires et leurs idées, leurs critiques, pour ne pas s’enfermer dans un monologue. Le débat, indirectement par la voix des adversaires politiques, c’est, aussi, un échange avec les futurs électeurs.