En plein brouillard – l’édito de Patrice Chabanet
A chacun sa partition. A chacun sa gestion du temps. A la fin de la semaine dernière, on pouvait entrevoir le bout du tunnel de la crise agricole. Depuis avant-hier, le climat a changé, avec un brouillard plus épais. Les dirigeants des organisations professionnelles ont durci le ton. Ils mettent l’accent sur la partie désaccords. En gros : on attendait des réformes de fond, on n’a obtenu que des mesurettes.
Gabriel Attal a pu nourrir l’illusion qu’il avait presque partie gagnée. Il sait désormais qu’il devra encore lâcher du lest sans attendre les calendes grecques. L’occasion lui est offerte, si le mot est approprié, aujourd’hui. Le Premier ministre doit prononcer son discours de politique générale devant les députés. Il sera donc particulièrement attendu sur le dossier agricole. Il pourrait annoncer un allègement fiscal sur les successions et un durcissement des sanctions pour les distributeurs qui ne jouent pas le jeu.
Même si les agriculteurs ont le vent en poupe, la gestion de leur mouvement n’est pas une promenade de santé. Comme dans tout mouvement contestataire il y a les jusqu’au-boutistes et ceux qui croient encore à la négociation. Pour le moment, les dérapages ont été rares. L’heure de vérité viendra devant les portes de Rungis. Le ministre de l’Intérieur la joue calme, avec des forces de l’ordre qui sont présentes, mais dont on présume qu’elles interviendront si des tracteurs forcent les portes du marché international. Il peut compter sur une certaine lassitude de l’opinion publique. Un espoir, plus qu’une certitude.