En même temps… – L’édito Patrice Chabanet
Officiellement, le report de l’annonce du nouveau gouvernement est dû à des raisons purement techniques : vérifier la situation fiscale des personnalités pressenties. Emmanuel Macron qui a fait de la transparence l’un de ses chevaux de bataille ne peut pas se permettre de laisser entrer une brebis galeuse dans l’équipe gouvernementale. Mais «en même temps», pour reprendre l’expression macronienne, il y a assurément une autre explication à ce retard. Le nouvel exécutif a besoin de temps pour former le nouveau gouvernement. Or les us et coutumes de notre République veulent que l’opération soit effectuée au pas de charge. Dans un schéma classique, elle se réalise vaille que vaille. Dans la configuration inédite que nous connaissons, ficeler l’af-faire en 24 heures après la nomination du Premier ministre, cela tenait de la mission impossible. Les multiples dosages préconisés par Emmanuel Macron appellent l’usage du trébuchet ; respecter la parité, établir une répartition équitable entre personnalités de gauche, de droite et du mouvement En marche !, entre profession-nels de la politique et compétences de la société civile.
On peut légitimement supposer que jusqu’à la dernière minute, des modifications seront apportées dans l’organigramme gouvernemental. Il ne faut pas perdre de vue en effet que cette pièce à suspense se joue dans un environnement en pleine mutation, le mot est faible. Le nouveau chef de l’Etat et son Premier ministre ne désespèrent pas, c’est évident, voir grossir le courant de sympathie, par conviction ou par intérêt, qu’ils suscitent à droite. La direction des Républicains en a senti le danger. Elle a décidé de lancer un contre-appel. Dans la phase de décomposition et recomposition que connaît le paysage politique français ; les partis se balancent, en même temps, entre divisions et ruptures.