En liberté surveillée – L’édito de Patrice Chabanet
Un constat d’évidence : quand on invoque le besoin d’unité c’est bien parce qu’elle est menacée. Ainsi doit-on comprendre le sens de l’intervention d’Elisabeth Borne au meeting de Gérald Darmanin à Tourcoing. La Première ministre, sans doute mandatée par le chef de l’Etat, a décelé le danger du one-man-show du locataire de la place Beauvau. Elle s’est carrément invitée à la fiesta bière-saucisses. Une façon de le placer en résidence surveillée. Elle lui a rappelé le cœur de sa mission : assurer la sécurité des Français. Et son engagement : soutenir l’action du chef de l’Etat.
Gérald Darmanin, on peut le supposer, a compris le message. Il n’ira pas plus loin dans le dévoilement de ses ambitions présidentielles. Il a marqué son territoire face à ses futurs adversaires. Il a choisi le positionnement d’une droite sociale. Il a reçu aussi le soutien de Nicolas Sarkozy, un coup de pouce encombrant d’une certaine manière, puisque l’ancien président de la République prône un rassemblement nettement marqué à droite.
Quand on s’expose, on prend des coups. Les Républicains ne ratent jamais une occasion de remettre en question l’action de Gérald Darmanin sur le terrain. La liste des morts à Marseille et à Nîmes, en s’allongeant implacablement, alourdit son bilan. Pour autant on ne peut pas lui faire porter le chapeau d’une dérive inexorable que n’ont pu arrêter ses prédécesseurs. Mais faute de trouver une parade radicale dans cette quasi-guérilla urbaine, le discours de Gérald Darmanin risque lui aussi d’être inaudible. Et de donner plus d’échos à la parole de l’extrême droite.