En haut de l’affiche
Les demi-finales dames, débutées avec une heure de retard sur l’horaire prévu, en raison de la pluie, hier, ont vu la Russe Maria Sharapova et l’Italienne Sara Errani s’imposer. Si la première a été peu inquiétée, la seconde a dû s’employer. Rendez-vous demain (15 h), pour une finale inédite.
Elle est radieuse, la favorite du président de la Fédération française, Jean Gachassin. Et pour cause. Hier, la Russe Maria Sharapova a fait coup double, en se qualifiant pour sa première finale Porte d’Auteuil et en retrouvant la place de N°1 mondiale. Une joie bien légitime lorsque l’on sait qu’il n’y a pas si longtemps, elle se faisait opérer d’une épaule et glissait inexorablement au classement. «Il y a quelques années de cela, je ne savais pas si j’allais pouvoir rejouer et là, je décroche une première finale à Paris et je vais retrouver la première place mondiale. C’est génial !» Depuis le début du tournoi, la «poupée russe» est tout simplement irrésistible. «J’ai travaillé dur pour arriver à ce niveau et je suis très fière. C’est une réussite personnelle» a déclaré Maria Sharapova. Hier, c’est la Tchèque Petra Kvitova, élue joueuse de l’année 2011 après ses titres à Wimbledon, au Masters et en Fed Cup, qui en a fait les frais.
Certes, la tenante du titre de Wimbledon a eu une balle de break dans chaque set, mais elle n’est pas parvenue à les convertir. Contre celle qui va retrou- ver la place de N°1 mondiale (lire le chiffre du jour), cela ne pardonne pas. La sanction est tombée, la Russe terminant le travail d’un ace (6-3, 6-3). «J’ai fait un très grand match, ajoute Maria Sharapova. J’ai été solide. La patience a été très importante face à une joueuse qui, par le passé, m’a posé beaucoup de problèmes. Je suis très contente d’avoir gagné en deux sets.»
Sur les traces de Schiavone
En revanche, il en a fallu trois à Sara Errani face à l’Australienne Samantha Stosur. Et si l’Italienne faisait aussi bien que sa com- patriote Francesca Schiavone, vainqueur en 2010 ? Ce qui est sûr, c’est que Sara Errani, qui a reconnu «ne pas avoir joué mon meilleur tennis», va disputer sa première finale Porte d’Auteuil. Hier, l’Italienne a montré qu’il ne suffisait pas de taper fort dans la balle pour gagner. Comme elle est plus petite que les autres (1,64 m), Sara Errani est obligée de beaucoup jouer avec sa tête. Contre l’Australienne, l’Italienne, comme lors des tours précédents, a alterné longs coups droit liftés, montées au filet, amorties et balles bom- bées, histoire de perturber son adversaire. Cela a une nouvelle fois marché.
Au premier set, alors que Samantha Stosur a mené 2-0, l’Italienne, sans s’affoler, a recol- lé au score. A 5-5, elle a réussi à chiper le service de l’Aus- tralienne sur une volée dans le filet de cette dernière, avant de conclure la manche d’un coup droit chirurgical (7-5). Mais face à une joueuse qui a des épaules de déménageur, qui tape fort, et qui aligne les aces (11 au total), l’Italienne va payer sa débauche d’énergie du premier set. Par deux fois elle va perdre son service et si elle est parvenue à évi- ter de prendre un 6-0, elle perd malgré tout la manche (6-1).
La perspective de disputer sa première finale à Roland-Garros va-t-elle perturber l’Italienne ? Non ! Sara Errani va même se permettre de mener 3-0 lors de la dernière manche. Mais la lauréate de l’US Open, qui disputait sa troisième demi-finale en quatre ans, ne lâche pas, si ce n’est ses coups, et recolle au score (3-3). La victoire va finalement revenir à celle qui va faire le moins de fautes directes, en l’occurrence l’Italienne. De l’autre côté du filet, l’Australienne arrose copieusement. Elle va faire 21 fautes directes (48 au total contre 21 à l’Italienne) et donner la possibilité à Sara Errani de boucler la rencontre. Elle ne s’en privera pas, d’un coup droit, sur sa première balle de match. Elle peut alors lâcher sa raquette et s’étendre de tout son long sur le court central, elle est en finale d’un tour- noi du Grand Chelem ! «C’est incroyable pour moi, a déclaré la finaliste. Je ne sais pas quoi dire. Peut-être que mon problème a toujours été que je n’ai pas réussi à croire vraiment que je pouvais battre les très grandes joueuses. J’en ai battu trois d’affilée.» Demain, Sara Errani devra en battre une quatrième, la Russe Maria Sharapova, si elle veut rejoindre sa compatriote Francesca Schiavone au palmarès des lauréates de Roland- Garros. Pas simple…
Yves Tainturier