En désordre de marche – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est à croire, finalement, que les candidats n’ont jamais rêvé du poste d’Emmanuel Macron. C’est à penser, carrément, que ce n’est pas la place de président de la République qu’ils convoitaient. Et c’est du coup, parfois, à désespérer de la politique. C’est un peu le sentiment que l’on pourrait avoir, deux jours après la proclamation des résultats de la présidentielle.
Le cap est mis sur les législatives et chacun se rêve désormais majoritaire dans l’hémicycle. Il se dit même – assez clairement pour certains – qu’il serait presque préférable de devenir le Premier ministre d’une cohabitation que Président. Tout simplement. Où l’on reparle des mauvais perdants…
Encore faudrait-il être capable de remporter le prochain scrutin. On peut comprendre qu’une Marine Le Pen, forte de son score à la présidentielle, envisage de transformer l’essai en juin. Avec ou sans l’aide de Reconquête! puisqu’en l’occurrence, la guerre semble déclarée avec le parti d’Eric Zemmour. De la même manière, La France insoumise croit dur comme fer qu’elle sera la grande gagnante au soir du 19. Une inconnue pourtant : seront-ils capables d’investir des candidats qui tiennent la route et de capter la confiance des électeurs ?
Quant aux partis historiques – Républicains et Parti socialiste en tête (façon de parler) -, ils sont, à l’inverse des deux précédents, très bien implantés localement et comptent sur une élection qui laisse justement une large place aux figures du cru. Mais comment leurs scores ridiculement faibles au premier tour de la présidentielle se traduiront-ils en juin ? C’est là toute la question. Et le dilemme, au sein-même de leurs instances : y aller seul ? Jouer l’union ? Ou rejoindre, d’une certaine manière, Emmanuel Macron pour tenter d’exister ? On sent d’ores et déjà que la bataille des législatives n’aura pas lieu que sur les marchés. Mais aussi dans certains bureaux parisiens…