En campagne sans l’être – L’édito de Christophe Bonnefoy
Que la campagne est belle ! La nôtre. Pas (encore) la leur. On pourra ainsi toujours dénigrer notre département, il se révèle pourtant d’une grande beauté et, qui plus est, offre bien des avantages qu’on avait fini par ne plus savoir identifier.
Mais passons. L’autre campagne – celle que l’on risque de supporter jusqu’en avril prochain – est bien moins agréable à vivre. Elle aussi donne dans le vert, mais là, c’est le langage qui est fleuri, ou risque de le devenir. Il a suffi d’écouter, l’autre soir, Eric Zemmour titiller Bruno Le Maire sur un plateau de télévision, pour deviner qu’on sera en permanence au bord du dérapage dans les mois qui viennent. Et en plein dans la polémique.
Dernière en date, d’ailleurs, la tribune que s’offre ce soir Emmanuel Macron, toujours Président et pas encore candidat. Une heure et demie de meeting. Pardon, de bilan de son quinquennat, face aux Français, par petit écran interposé. Il en a le droit, comme tous les Présidents précédents qui avaient fini par se représenter pour un nouveau mandat mais étaient encore en poste et profitaient, en quelque sorte, de leur statut pour tenter de convaincre les futurs électeurs.
Le chef de l’Etat continuerait-il à appliquer la fameuse devise du « en même temps » ? En même temps locataire de l’Elysée et déjà assis dans le fauteuil de candidat ? Probable. Il ne sera pas le premier. Mais justement, voilà qui ne rompt pas vraiment avec les vieilles pratiques qui n’en finissent pas de lasser les Français. C’est de bonne guerre, certes. Mais la clarté du débat – des débats – mériterait qu’Emmanuel Macron précise très vite sa pensée. De manière officielle. Pour plus de sérénité ? On l’espère.