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En attendant les actes – L’édito de Patrice Chabanet

On savait que le pape serait cinglant. Il a été saignant pour fustiger les abus sexuels commis par des prêtres. Il a comparé les actes de pédophilie aux « sacrifices païens » et leurs auteurs à des « outils de Satan ». L’ampleur du phénomène ne lui laissait pas vraiment le choix. Elle discrédite l’Eglise et la fait vaciller sur ses fondements. Hier, ce n’était pas le pape du pardon ou de la charité chrétienne, mais celui du châtiment. Donc, fort logiquement, François a promis une « lutte à tous les niveaux » contre ce cancer qui ronge l’institution.

Les associations de victimes ne l’ont pas entendu de cette oreille. Elles attendaient des décisions immédiates. Pour elles, patienter quelques semaines et quelques mois, ce n’est pas possible, ce n’est plus possible. Elles exigent l’exclusion immédiate des prêtres prédateurs et des sanctions pour les évêques ou cardinaux qui ont couvert ces agissements. On peut les comprendre. Trop de vies saccagées. Trop de traumatismes à vie. Trop de surdité de la hiérarchie quand des victimes ont commencé à parler.

Le pape François est sommé, d’une certaine manière, de réparer dans l’urgence des dégâts qui minent l’Eglise depuis des décennies. Il en a la volonté, et cela d’autant plus que, depuis son prédécesseur Benoît XVI, la parole s’est libérée et qu’il a pris en pleine figure un scandale que tout le monde subodorait mais dont on ne mesurait pas l’ampleur. Encore faut-il qu’il soit bien secondé dans sa détermination. Mais c’est là que le bât blesse. La curie romaine ne passe pas pour un modèle de réformes radicales. Elle n’aime pas les vagues, et encore moins la tornade que François entend faire passer dans les recoins glauques de l’Eglise. Le pape est sans doute conscient des freins qui risquent d’entraver son action. Mais il sait que la vivacité avec laquelle il a dénoncé les abus sexuels appelle désormais des actes forts. Faute de quoi, il perdra toute crédibilité et l’institution en sortira plus abîmée encore.

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