En achetant une poule 5 €, ils lui épargnent l’abattoir
Vendre des poules de réforme promises à l’abattoir, des éleveurs n’avaient pas attendu que ce sauvetage plaise pour le faire. Mais en organisant la pratique, une plate-forme web l’encourage. Exemple samedi 14 janvier, dans le Sud Haut-Marnais. Qui laisse à croire qu’on peut encore être quand on a été.
« J’habite à la campagne et j’ai toujours eu deux ou trois poules pour leurs bons œufs ». Et puis Chantal goûte le plaisir d’une cohabitation plaisante avec les gallinacés. « Le matin, je les appelle… et elles arrivent ». Son époux Gildas renchérit, pudiquement. « … Et aujourd’hui, c’est mieux d’avoir ses œufs ». Avec ce couple de Noidant-Chatenoy, Cocotte a trouvé une bonne maison. Cocotte a 18 mois, l’âge de la retraite d’une pondeuse… même si elle garde de la ressource pour au moins 4 ans. De « poulette », elle est a basculé dans la catégorie des « poules de réforme », comme le temps passe et comme il est cruel.
Reste que dans l’exploitation du Sud Haut-Marnais dont elle est issue, depuis toujours, la règle est de lui épargner l’abattoir. « Le bouche à oreille » a soustrait ses congénères à ce sort funeste fort prématuré. « Une poule, ça peut vivre 10 ans ». C’est « la première fois » samedi 14 janvier que l’élevage a recours à Poule pour tous, une « SASU en voie d’immatriculation au RCS », qui pourrait pour l’heure être encore une association.
Pareilles ventes de poules de réforme s’effectuent selon une feuille de route. Qui veut sauver un volatile paie 5 €, qui peut en sauver 10 en aura 11 poules pour 50 €. L’affaire a de quoi séduire : pour une somme modique, nous voilà propriétaires d’une cocotte qui va participer à nous nourrir longtemps à petit prix, d’autant qu’on oublie trop souvent les qualités nutritives de ses œufs.
Cocooning pour « les vieilles » poules
« On m’a indiqué qu’un GAEC de Gevrey-Chambertin avait ainsi vendu en 24 heures 650 de ses 4 500 poules ». Samedi, il y a dans cette exploitation 300 unités à céder. Mais seuls 18 clients ont réservé la leur -la réservation est un préalable à l’achat. « On est loin du compte… », commente inévitablement l’élevage. Dont l’intérêt financier passe au second plan : Poule pour tous ponctionne 1,50 € sur les 5 €.
L’entreprise en voie d’immatriculation n’a pas pu être jointe -au passage, il faut composer un numéro en 08 facturé 0,25 € la minute plus le prix d’un appel. Reste que le rapprochement entre une exploitation et d’éventuels candidats à l’adoption peut s’établir gratuitement sur le site, le candidat reçoit une confirmation via SMS. « Mes poulettes de 18 semaines sont rentrées fin novembre, avec retard par conséquent pour cause de grippe aviaire ».
Une tonne d’aliments pour ces « ados » coûte aujourd’hui chaque mois 500 € contre 170 € avant pic d’inflation. Quand elles atteignent 18 mois, leur âge de retraite donc, l’exploitation se retrouve avec deux générations à nourrir dans le même temps. Poule pour tous propose donc aux éleveurs soucieux du sort des « vieilles » un moyen de leur offrir du rab’ d’existence. Ici, l’élevage est heureux de voir son contingent d’anciennes « repartir vers une deuxième vie ».
Oui, Chantal va donner de l’ortie à Cocotte, pour qu’elle gagne en tonus. Oui, elle épandra de la terre de diatomée dans son poulailler. De son côté, Gildas s’entraîne à tenir une cousine de Cocotte contre lui. Sa Cocotte à lui l’attend dans sa boîte de voyage.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
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