Emotion et colère – L’édito de Christophe Bonnefoy
Emouvant. Poignant. L’hommage à Samuel Paty, hier soir, qui plus est à la Sorbonne, lieu chargé des symboles du savoir, a forcément touché au plus profond des âmes. Vendredi, le terrorisme s’est attaqué à un professeur. Il n’y a évidemment aucune échelle dans la douleur. Qui que soit la victime de l’intolérance. Quel que soit le métier, la couleur de peau ou la religion de celui ou celle qui tombe sous les coups de la sauvagerie.
Il n’en reste pas moins qu’en l’occurrence, et au-delà du modus operandi particulièrement abject, chaque Français peut s’identifier, ici à cet enseignant en histoire-géographie qui n’a voulu que développer l’esprit critique de ses élèves ; là, peut-être, à un autre qui aura le malheur de développer un cours jugé inacceptable par quelque cerveau étriqué et embrigadé.
Même si la formule peut sembler un peu facile, nos collèges sont remplis de Samuel Paty. Chacun a un jour côtoyé ces enseignants, dont la mission – ô combien essentielle – est de transmettre. Tout simplement transmettre des connaissances. Et offrir aux enfants les bons outils. Ceux qui leur serviront à se forger un destin. A penser par eux-mêmes, tout simplement. Samuel Paty, c’est un peu le visage de chaque enseignant auquel un parent confie son enfant, dans les grandes villes ou nos communes rurales.
L’hommage, hier, ne pouvait donc qu’être fort. Intense. Mais révoltant, aussi. Parce qu’il vient après tant d’autres, qui sonnent comme autant d’injustices. Et même, il révèle d’une certaine manière ce qui, forcément, aurait pu être fait mais ne l’a pas été. Quelque part, un mélange d’unité et de colère.