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Emmaüs : un automne sans braderie

Emmaüs se trouve dans l’obligation d’annuler sa grande braderie d’automne en raison de la situation sanitaire. Pour remplacer cette manifestation, importante pour la communauté, des ventes thématiques seront mises en place chaque semaine. L’occasion de faire de belles affaires et de soutenir Emmaüs.


«C’est un crève-cœur pour nous ! » Deux événements importants rythment l’année de la communauté Emmaüs. Au printemps et à l’automne, compagnons, bénévoles et salariés redoublent d’efforts afin d’organiser une grande braderie.
Tout au long de l’année, des objets sont soigneusement mis de côté, réparés et customisés puis, le Jour J, de nouveaux rayons sont créés et une ambiance particulière règne tout au long du week-end.
« Nous sommes dans l’obligation d’annuler la braderie », déplorent Christine Carnio, directrice de la communauté et Jean-Paul Pierron, président.
« La première a déjà été annulée en live et là, on se retrouve dans l’impossibilité de réguler. »
« On multiplie par quatre le nombre de visiteurs. Nous n’aurons donc pas suffisamment de monde pour encadrer les ventes », indique la directrice. « D’autant plus que nous avons du mal à attirer des bénévoles en cette période particulière », poursuit le président.
Pour la communauté, cette annulation représente un gros manque à gagner. Pour essayer de compenser, l’équipe a eu l’idée d’organiser des semaines à thème. « Nous avons déjà eu le linge rétro, les meubles à 50 % et les vêtements à 1 €. Nous aurons aussi les livres à moitié prix, puis la vaisselle… », déclare Christine Carnio. « Cela nous permet aussi d’écluser notre stock. »
Tout ce qui a été conservé fera aussi l’objet d’un week-end de vente exceptionnel, notamment des objets d’antiquité ou du matériel de bricolage.

Manque à gagner
Par tous les moyens, la communauté tente de trouver des solutions afin de rattraper la perte d’argent due à la fermeture de ses deux salles de ventes pendant le confinement et de sa boutique en centre-ville pendant six mois. « Nous avons fait le calcul et ce sont 200 000 € qu’on ne rattrapera plus. Cela représente deux mois complets d’activité. » Comme le souligne Jean-Paul Pierron, ce sont des investissements que la communauté ne fera pas. « C’est quasiment 2/3 du coût total du projet de stockage saisonnier et c’est aussi des entreprises locales qui ne seront pas embauchées pour le moment sur ce chantier, et ainsi de suite ! »
Pourtant, ce local qui doit être construit sur le terrain jouxtant la salle de vente, est devenu urgent. Le premier jet de ce projet avait été initié en 2016 mais, depuis, une succession d’imprévus a retardé sa construction : la chaufferie, tout d’abord puis l’amélioration du site de Bettancourt et maintenant la Covid-19. Une pré-étude a tout de même été demandée afin que le président puisse aller chercher des fonds en connaissance de cause. En attendant, la communauté continue de payer 150 € par mois pour la location d’un local sur Foulain. « Il est situé trop loin du site, ce qui est contraignant pour les allers-retours. On n’y va pas assez régulièrement. »
En attendant d’autres projets avancent, notamment la création d’un atelier d’aérogommage qui permettra de sabler délicatement des meubles pour les particuliers, ou pour la revente. Président et vice-président ont fait du beau travail. « C’est un projet innovant pour Emmaüs France. Il y en a seulement trois dans la Région et cela apportera de nouvelles compétences aux compagnons. Des formations sont déjà prévues. »

Une période énergivore

« On espère simplement ne pas devoir reconfiner. À partir de trois cas, nous serions obligés de fermer 15 jours, ce qui représenterait encore 50 000 € de perte pour nous. C’est pourquoi nous sommes très prudents », précise Jean-Paul Pierron. L’équipe d’Emmaüs fait très attention à la distanciation et au port du masque. Les jours de vente, le sens de circulation et les 120 personnes maximum sont scrupuleusement respectés. « Sur site, tout va bien mais nos chauffeurs se déplacent sur tout le département et on ne peut pas les surveiller, ni eux, ni les compagnons quand ils ne travaillent pas. On ne va pas les bloquer. Le confinement a déjà été assez dur. Cette période est vraiment énergivore et anxiogène pour tout le monde ! »
Heureusement, les week-ends de vente se passent bien. « Les gens sont assez respectueux et partent rapidement pour ne pas faire patienter trop longtemps ceux qui attendent dehors. »

Julie Arnoux
j.arnoux@jhm.fr

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