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Emmanuel Breton, le nouveau patron des policiers de la Haute-Marne, est « optimiste »

Emmanuel Breton, le nouveau patron des policiers de la Haute-Marne, est « très optimiste »

Emmanuel Breton, le nouveau patron des policiers de la Haute-Marne, est « optimiste »
« Je me reconnais dans les Chaumontais ».

Arrivé le 1er octobre, le nouveau directeur départemental de la police nationale fait un point sur ses troupes et ses missions. Le patron des policiers haut-marnais est « optimiste ». L’installation officielle de celui qui apprécie les gens d’ici a lieu mardi 13 février.

« Celui qu’on attend ». Dans l’Ancien Testament, « Emmanuel » désigne le messie… Pression maximale pour le nouveau « patron » des policiers de la Haute-Marne dont c’est le petit nom ? Non, arrivé le 1er octobre dernier en qualité de directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) pour succéder à Arnaud Garnier, Emmanuel Breton a connu des territoires autrement turbulents. Mais tout de même… oui, parce qu’à peine DDSP, il est devenu, le 1er janvier, DDPN – directeur départemental de la police nationale. En clair, il prend le volant au moment de l’application d’une réforme qui est « probablement la plus grande de la fonction publique en cours et la plus grande qu’on ait connue depuis 40 ans ».

A la tête de 180 policiers

« Toutes les filières sont représentées en Haute-Marne, avec le ratio voulu : 30% des effectifs des commissariats sont dédiés à l’investigation, et 70% à la voie publique ». Sachant qu’il faut également en compter une pour le renseignement, « déployé sur l’ensemble du département, y compris sur la zone gendarmerie », et une autre pour les ressources humaines, les finances… Il y a environ 180 policiers sur le territoire.

Passé par « le 36 »

Formation de juriste, service national dans la police nationale – logique, Emmanuel Breton « voulait devenir policier » -, concours des officiers de police, Brigade de répression du banditisme (BRB) – « groupe Brocs » – au sein du mythique 36 Quai des Orfèvres, officier de quart puis officier de commandement à Saint-Denis de la Réunion, il y « découvre la sécurité publique ». De retour en métropole, il réussit le concours de commissaire, et dirige le commissariat de Vénissieux (Rhône). Une fonction trapue. Avant de passer directeur départemental adjoint de la sécurité public à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

Oui tout de suite

Emmanuel Breton, le nouveau patron des policiers de la Haute-Marne, est « optimiste »
Le nouveau patron de la « PN » ne vient pas « nettoyer la place ».

« Je n’ai pas tergiversé ». En étant affecté à Chaumont, Emmanuel Breton est promu DDSP, c’est ce qu’il retient. Chaumont pourquoi pas, il « vient lui-même d’un pays rural dans la Saône-et-Loire ». S’il « comprend qu'(il) n’est pas à Vénissieux », il est « très content », surtout qu’il voit que « les gens sont réceptifs aux messages ». Sur le « local », Emmanuel Breton estime que les policiers « ont besoin de montrer (leur) présence auprès de la population ». En interne, il prépare « la réorganisation des services du commissariat ». Qui prévoit la création d’un centre d’information et de communication départemental, dont les missions seront de répondre aux appels au 17, veiller au bon emploi des policiers sur la voie publique, remonter l’information « en direct » à la direction générale. C’est qu’avec la mise en place de la réforme, « finis, les tuyaux d’orgue », mode de cheminement qui imposait précisément que l’information gravisse les étages un à un. Elle va désormais revenir « en live » à la « DG » qui va veiller au « re-dispatching ».

Dans une « délinquance contenue », trop de stups 

« La délinquance est contenue » sur le département, « à Chaumont comme à Saint-Dizier ». En revanche, pas question de « le laisser se faire gangrener » par des « pools » de stups autrement charpentés de départements proches, dont la seule motivation est de « faire du business » et de « créer de la misère ». Le trafic de drogue, c’est « un problème de santé publique » qui s’invite, las, « au quotidien ». Et « le combat » consiste surtout à « éviter l’héroïne, la cocaïne, et la kétamine, le crack, qui font leur apparition ». Autant de vecteurs de dégradation de la santé, tant physique que psychique, autant de malheurs qui s’abattent sur les consommateurs – souvent les plus fragiles – et, par un inévitable effet domino, sur leurs entourages. Pour autant, nuance le DDPN, « la police nationale n’est pas le remède de premier niveau pour le toxicomane ». Maintenant que les gabarits des cités ont été posés, oui, « les stups sont un problème majeur à Chaumont ». 

Explosions à partir de rien

Il y aussi des violences intra familiales (VIF) à Chaumont et à Saint-Dizier. Mais « les violences non crapuleuses ne sont pas propres à la Haute-Marne ». En revanche, force est de constater qu’ici comme ailleurs en France, des broutilles suffisent pour faire du vinaigre. « Un regard mal placé » et voilà que c’est l’explosion. Emmanuel Breton a le sentiment qu’on peut lier ces éruptions à partir de rien à « une génération qui veut tout, tout de suite, qui pense à sa satisfaction immédiate », qu’elle ne supporterait donc pas de voir contrariée ou juste différée. « En matière de VIF, on a de plus en plus d’hommes parmi les victimes ». Le DDPN y voit plusieurs explications. Un, « les hommes ne dénonçaient pas des faits qu’ils considéraient bénins » – que sont des griffures de fille lorsqu’on a le potentiel d’un coup de poing. Deux, « un homme, ça ne se plaignait pas ». Trois, les couples homosexuels n’échappent pas aux scènes de violences. Quatre, « dans le cadre de violences réciproques, on défère de plus en plus l’homme et la femme ». Un travailleur social intervient aux commissariats de Chaumont et Saint-Dizier, « quasiment tout le temps », un psychologue également, plus ponctuellement. « L’idée serait que celui-ci soit là à demeure ».

Bienvenue à la future « PM »

« Je suis content qu’une police municipale soit créée à Chaumont ». Le patron départemental de la police nationale voit le moyen de « mailler plus finement » le territoire. La Ville disposera pour sa part d’une force de police « au plus près » pour les évènements. Merci de ne pas en déduire que « la police nationale se tournera les pouces ». Emmanuel Breton a en mémoire qu’en ayant « mis tous ses policiers » sur un très gros rendez-vous à Chalon. Oui, le boulot a été parfaitement fait. Reste que pendant la manifestation XXL, « quatorze cambriolages avaient été commis dans une commune périphérique ». Toutefois, tant mieux si « la police nationale (PN) peut continuer à patrouiller et à assurer les festivités de Chaumont en co-pilotage avec la police municipale (PM) ». En tout cas, bienvenue à « la PM » qui est également « une source de renseignement ». Le langage commun, entre « PN » et « PM » permet des échanges fluides et « la PM devient incontournable ».

Vers plus de moyens d’enquête

« On nous a annoncé mardi 6 février qu’il faudra un grand nombre de cyberpatrouilleurs », capables d’exploiter des téléphones mobiles, de travailler sous X, de détecter des réseaux commerciaux en ligne, tandis que des cyberenquêteurs se concentrent sur le repérage des prédateurs sexuels. « Chaumont et Saint-Dizier vont s’engager dans ce volet, à l’échelle qui va bien ». Emmanuel Breton indique qu’il y aura conjointement « une accélération de l’évaluation des armes à feu », et que la capacité « police technique et scientifique » va changer de braquet. Même si les préjudices matériels sont modestes, les cambriolages, souvent liés aux besoins en stups, sont « un désastre en termes de sentiment d’insécurité ».

« Je n’ai pas à nettoyer la place »

« Je me plais à Chaumont, j’aime bien les Chaumontais, je me reconnais en eux ». La récente actualité a fait que le patron a croisé des agriculteurs. « Ils sont de bonne éducation ». Plus généralement, « il y a des gens très bien à Chaumont et à Saint-Dizier ». Leur « politesse » a l’art de lui plaire. Dommage que dans le domaine de la sécurité, ils soient à côté de la réalité. « Ils ne se rendent pas compte qu’à ce sujet, la Haute-Marne, c’est bien ». Et voilà pourquoi il s’agit de « préserver, de maintenir en l’état » ce fait. « Je ne suis pas dans une mission qui viserait à nettoyer la place ». Le DDPN compte d’ailleurs bien aller au-delà du statu quo, en abaissant le niveau de délinquance constaté « parce que c’est possible ».

Bien entouré

« J’ai hâte de récupérer un adjoint ». Le patron de la « PN » pourra alors aller davantage à Saint-Dizier rencontrer plus régulièrement les élus locaux. Il croit que la maison a par ailleurs une bonne chance d’obtenir un officier sur un poste resté vacant. Un voeu composite qui pourrait être exaucé « avant l’été ». En externe, il se félicite de l’opération TSUR menée avec les gendarmes. En interne, il tient à faire savoir que « les policiers chaumontais et bragards ne sont pas des fainéants », qu’ « ils ont une conscience professionnelle et sont pénétrés de leur mission de service public ». Quatre mois après son arrivée, Emmanuel Breton dit tout net dans quelles dispositions il se trouve : « je suis vraiment très optimiste. Non seulement on ne part pas avec des gens qui alignent les arrêts maladie ou qui mettent des bâtons dans les roues, mais on a des éléments qui sont de très bons professionnels ». Le DDPN goûte les liens avec la préfète et le procureur, qui ont « une analyse technique performante ».

La directrice nationale de la sécurité publique Virginie Brunner sera présente à la cérémonie d’installation officielle du nouveau DDPN de la Haute-Marne, qui a lieu mardi 13 février.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr  

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