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Emeutes à Saint-Dizier : premières condamnations

Emeutes à Saint-Dizier : premières condamnations

Emeutes à Saint-Dizier : premières condamnations
L’incendie d’un bus en stationnement près de l’église Sainte-Thérèse.

Un des prévenus reconnaît être impliqué dans la dégradation d’un véhicule lors des émeutes survenues dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, à Saint-Dizier, le second conteste la moindre implication. Condamnés à des peines de prison ferme, les deux jeunes gens ont été maintenus en détention.

Tribunal judiciaire de Chaumont, vendredi 7 juillet 2023. Les greffiers font entendre leur désarroi et leur colère en salle d’audience. L’intervention achevée, Adrien Rohr et Mehdi Salhi, placés en détention provisoire, s’avancent sous bonne escorte dans le box sécurisé réservé aux prévenus. Le premier est né en 2005, le second en 2004, les deux jeunes gens résident à Saint-Dizier.

Place au dossier. Suite à la dégradation, dans le cadre d’émeutes urbaines, du véhicule d’un pâtissier, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet (notre édition du 7 juillet), deux hommes, un mineur et un majeur, furent désignés sur renseignement. Sans emploi, hébergé chez un ami, Adrien Rohr reconnut rapidement son implication. « J’étais avec des potes, nous avons vu qu’il y avait des émeutes sur TikTok, nous avons vu des jeunes retourner un véhicule et l’incendier. (…) Certains disaient que le fils du propriétaire est un pédophile », nota le Bragard avant de reconnaître avoir porté un coup de barre de fer sur le véhicule et aidé des hommes « cagoulés » à retourner la citadine.

Le feu aurait été déclenché par un certain « Big ». Un homme identifié par le prévenu sur planche photographique ? « J’ai désigné le N°6, pas le N° 9 », soutint le prévenu, interpellé en possession d’un « chalumeau portatif ». Adrien Rohr et le mineur – appelé à comparaître devant le tribunal pour enfants – ont pourtant indiqué reconnaître Mehdi Salhi, le N°9, pas le 6, à l’occasion d’une confrontation.

« Fâcheux concours de circonstances »

Fils de « médecin », sans emploi, sans diplôme, établi chez sa mère, Mehdi Salhi conteste quant à lui la moindre implication dans la dégradation du véhicule. « Je ne comprends pas, Rohr, je ne l’ai jamais vu de ma vie, il doit me confondre avec quelqu’un d’autre. (…) Ce soir-là, je suis rentré à 23 h, j’ai dormi et me suis réveillé à 3 h, je suis ensuite parti chez des cousins, à Chancenay, pour causer ». Le prévenu se serait blessé à une main en incendiant le véhicule. Réponse ? « Oui, je suis me suis blessé à une main, en marchant, je suis tombé sur des bouts de verre ». Alors, s’agirait-il d’un « fâcheux concours de circonstances » pour reprendre les mots de madame le président Boyer ? La réponse ne fait aucun doute aux yeux du prévenu.

Place aux réquisitions. « On peut comprendre la rétractation de monsieur Rohr, il a donné tellement d’éléments, tellement de noms, oui, il peut avoir peur, peur des représailles », nota madame le procureur Bras-Abarri tout en indiquant que des enquêtes étaient en cours, que « des dossiers sortiront ». Avant d’en venir à l’implication des prévenus, la représentante du ministère public fit également état de l’existence d’une vidéo où le propriétaire du véhicule incendié fait face à des émeutiers lui demandant s’il est bien assuré. Comment dire ? Minable.

Après les émeutes… la prison ferme

Alors, ces prévenus ? « Monsieur Rohr comme le mineur entendu ont désigné monsieur Salhi comme le fameux Big, ils expliquent qu’il s’est blessé à la main droite au cours d’une des exactions, monsieur Salhi se fourvoie sur la manière d’expliquer sa blessure. (…) Les prévenus sont les auteurs de cette dégradation, a minima les complices. Monsieur Rohr a été condamné par le juge des enfants pour tentative de vol, je requiers une peine de huit mois de prison ferme, avec maintien en détention, à son encontre. Monsieur Salhi n’est pas connu de la justice, son positionnement interroge, son implication dans les faits est importante, très importante, je sollicite une peine de dix mois ferme, avec maintien en détention ».

Décisions ? Six mois de prison ferme pour Adrien Rohr, dix mois pour Mehdi Sahli. Les condamnés ont été maintenus en détention.

T. Bo.

Parole à la défense

 « Vraiment, mais alors vraiment, le temps de la justice n’est pas celui des médias, la justice nécessite de prendre son temps, d’examiner les faits, de savoir ce qu’on reproche réellement aux gens », nota, en introduction de sa plaidoirie, Me Aïdan.

« Monsieur Rohr sait qu’il est prévenu d’avoir dans la nuit du 30 juin au 1er juillet volontairement détruit un véhicule. Mon client n’est poursuivi que pour ça ! On nous parle de tirs à l’aide de mortiers, de magasins vandalisés et pillés, mais ce n’est pas notre dossier. De dossier, je n’en connais qu’un, celui qui nous concerne. (…) A entendre les réquisitions, monsieur a eu grand tort de reconnaître ce qu’il a fait, c’est ça qui va le conduire en prison, il serait moins embêté en n’ayant rien reconnu. C’est grâce à ses déclarations que ce dossier peut être présenté aujourd’hui, mais j’ai bien compris, on l’a mis en prison pour son bien, pour le protéger parce qu’il a donné des noms, c’est certainement dans ce sens qu’on réclame aujourd’hui huit mois ferme à son encontre », poursuivit l’avocat.

« Ce qu’il a fait, ce n’est pas bien, nous sommes d’accord, mais quelle est la peine adaptée, non à la situation médiatique, mais aux principes de personnalisation et d’individualisation de la peine ? Ce jeune homme est passé de familles d’accueil en Maisons d’enfance à caractère social (Mecs), cet homme ne connaît personne pour l’accueillir ailleurs qu’à Saint-Dizier, il ne mérite pas qu’on l’enfonce un peu plus ».

« Bouboule, jamais Big »

Me Lalloz enchaîna au nom de Mehdi Salhi. « Big, c’est lui ont dit deux personnes, alors c’est forcément vrai, monsieur Salhi le dit, il n’a jamais été surnommé Big, on l’a appelé Bouboule, jamais Big. Monsieur était chez lui de 23 h à 3 h, mais forcément, sans aucune vérification, on affirme que c’est faux. (…) Hormis monsieur Rohr et le mineur, personne ne désigne monsieur Salhi. (…) Quantité de noms ont été donnés, personne n’a été entendu, tout le monde était cagoulé, mais on s’est contenté des déclarations de monsieur Rohr et du mineur. Je veux bien qu’on condamne tout le monde à l’emporte-pièce parce qu’une voiture a été incendiée, qu’on réponde à la société et aux médias, mais il y a des limites. (…) Il a a indiqué que monsieur Salhi se serait blessé à la main en forçant la porte d’un bureau de tabac avant qu’il ne soit indiqué qu’il s’est blessé en incendiant la voiture, mais on ne tient pas compte de ces contradictions, monsieur Rohr indique aujourd’hui qu’il a désigné une autre personne que monsieur Salhi, là encore, on n’en tient pas compte », aura tonné Me Lalloz avant d’appeler, en vain, à la « relaxe pure et simple » d’un primo-délinquant condamné à dix mois de prison ferme.

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