Eloïse : « Avoir le droit de vote, c’est un vrai cap »
Très impliquée dans le monde associatif, Éloïse a eu 18 ans en janvier 2022 et n’attendait que cela pour pouvoir voter et participer au dépouillement. A l’heure où on parle de record d’abstention, cet investissement citoyen est, pour elle, juste normal. Rencontre.
Selon une enquête Ifop, 30 % des moins de 35 ans (dont 41 % des 18-24 ans) n’ont pas voté au premier tour, contre 26 % dans l’ensemble de la population. Un taux d’abstention qui ne se révélerait pas meilleur au second tour. Malgré tout, il faut savoir regarder autour de soi pour s’apercevoir que tous n’ont pas le même désengagement, voire la même résignation face à la politique et à ceux qui la mènent.
Éloïse est Langroise et a eu 18 ans en janvier 2022. Un âge qu’elle attendait avec une certaine impatience… pas pour cette fameuse “majorité” qu’elle a désormais acquise, mais pour pouvoir s’exprimer via les urnes. « Je n’attendais que cela. Pour moi, c’est véritablement un cap lorsque l’on obtient le droit de vote. Les femmes n’ont pas ce droit depuis très longtemps, mon arrière-grand-mère n’avait pas le droit de voter ni d’avoir de chéquier. Moi, je pars du principe que pour conserver ce que l’on a gagné, il faut s’en servir. Il faut voter, même blanc, car c’est déjà une opinion. »
« On me laisse me faire ma propre opinion »
Très posée, la jeune fille a donc épluché les professions de foi des différents candidats, mais pas celles qui sont distribuées dans les boîtes aux lettres, « trop résumées ». Elle a fait des recherches sur le Net pour obtenir les programmes complets. « A la maison, personne n’essaie de m’influencer pour un candidat ou pour un autre. On me laisse me faire ma propre opinion. Mais pour cela, il faut vraiment lire l’intégralité des programmes sinon on peut être influencé et donner sa voix à quelqu’un avec qui on est en désaccord sauf sur un seul point abordé dans sa profession de foi… »
« Il circule tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux »
Et, pour le coup ce n’était pas l’élection la plus simple pour un premier vote de cette jeune Langroise. « C’est vraiment une responsabilité. Cette élection a un vrai enjeu pour notre avenir au niveau politique, économique et social, d’autant plus avec ce conflit en Ukraine qui amène la guerre aux portes de l’Europe. Les jeunes en général, nous sommes tout de même beaucoup sur les réseaux sociaux où il circule tout et n’importe quoi, c’est difficile de s’y retrouver si l’on ne va pas plus loin. J’ai une amie qui a 19 ans et qui m’a dit : avant, tu te faisais plaisir en votant selon tes convictions, maintenant dès le premier tour on vote pour se protéger. » Une analyse que l’on pourrait d’ailleurs appliquer aux plus de 35 ans…
L’élection, vue de l’intérieur
Éloïse a finalement fait son choix, dimanche 10 avril et a même décidé de se porter volontaire pour le dépouillement. « J’ai toujours vu ma mère et certains de mes amis le faire et je trouve que c’est bien de voir, de l’intérieur, comment se passe une élection. Et je n’ai pas été déçue. J’ai vu que toutes les voix comptent, en comptant les bâtons. » Le rendez-vous est déjà fixé pour dimanche 24 avril, salle Jean-Favre, pour le second tour.
Patricia Charmelot
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