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Virginie va renoncer à son commerce pour faire doula de fin de vie

Elle lâche son commerce pour nous aider à mourir, en devenant « doula de fin de vie »

Virginie va renoncer à son commerce pour faire doula de fin de vie

Une inclination naturelle, des épreuves… Virginie a mis du temps à chercher comment concrétiser son intérêt pour la mort. Elle s’apprête à quitter son commerce pour se consacrer aux mourants, en devenant « doula de fin de vie ».

« Depuis toute petite, l’au-delà m’attire ». Quand sa grand-mère est mourante, Virginie « l’accompagne ». Sa parente, dont elle était très proche, s’éteindra à son domicile. Quoique « très jeune », sa petite-fille s’est assignée cette mission. Spontanément. Elle comprend juste que « dans la mort, quelque chose » continue de « l’attirer ».  Virginie convient même qu’alors, « ça la travaille ». Aussi, quand, dans un EHPAD,  c’est son grand-père que la Camarde se prépare à emmener, elle est également à ses côtés, jusqu’au grand basculement.

Se défendant de toute inclination morbide, la jeune femme fonde une famille et travaille dans la grande distribution. Quand elle perd son emploi, elle décide de tenir un commerce à Chaumont, où elle « se met à (son) compte » en 2013, dans un bureau de tabac-presse. Deux ans plus tard, elle perd son beau-frère subitement. « J’ai senti une culpabilité s’installer en moi ». Virginie est hantée par l’idée qu’il est mort seul, elle estime que c’est « injuste ». Une poignée d’années s’écoulent, et voilà que c’est son deuxième beau-frère qui décède. Un être avec lequel elle entretenait « une relation fusionnelle ». La culpabilité qui l’avait déjà saisie ressurgit : à son tour, il était seul pour mourir.

« Accompagnante de l’âme »

« Avoir un rayon presse présente un avantage : je lis ». C’est une revue dédiée à la mort qui fait découvrir à Virginie le métier de « doula de fin de vie », à travers le portrait d’une Suissesse. « J’ai pris contact avec elle ». De fil en aiguille, à l’été 2022, Virginie va suivre une formation à Besançon au terme de laquelle elle est « certifiée « doula de fin de vie » ». Elle comprend que l’heure de se consacrer à sa passion ancienne a sonné. « Depuis, j’ai accompagné deux personnes ». À ses yeux, « la mort est comme une naissance », et c’est de « l’inconnu » dont on a peur. Face à celui-ci, l’ « accompagnante de l’âme » se tient à côté des mourants « jusqu’à leur dernier souffle », et auprès de leurs entourages. « Il faut mettre de la vie autour de la personne qui meurt, lui montrer aussi qu’on sait comme elle qu’elle va mourir ». Parfois juste « en silence, en tenant une main ». Virginie en est convaincue, cette présence bienveillante « rassure les familles ». Les mourants « se libèrent de leurs secrets, en précisant ceux qui doivent le rester et ceux que je dois rapporter à la famille ». Quand la mort approche à grands pas, Virginie « demande si (elle) reste ». Elle tient à « utiliser les vrais mots » : la personne auprès de laquelle elle se tient va mourir, c’est le terme exact. « Un enfant auquel on dit « elle s’est envolée » va attendre son retour… ».

« La sphère médicale ne me regarde pas »

« Je suis chanceuse de la vie ». Virginie le martèle, sa passion pour la mort ne la détourne pas de la saveur de l’existence. Maintenant, elle se prépare à suivre une formation de « conseiller funéraire » pour connaître les textes réglementaires. « Je clôturerai ainsi quelque chose ». Elle souhaiterait intégrer une entreprise de pompes funèbres, et faire d’abord doula de fin de vie indépendante. « Ce métier n’a rien de médical, c’est une sphère qui ne me regarde pas ». Demain, elle va lâcher son commerce pour rejoindre les gens qui feront appel à elle pour leurs derniers instants, « entrer dans (sa) bulle, et être avec la personne ». Quand le fil de la vie aura rompu, elle « redeviendra (elle)-même une fois qu’elle aura monté dans (sa) voiture ». Après des années à se chercher, Virginie sait que « c’est son chemin » qu’elle a trouvé. « À une naissance, il y a toujours beaucoup de monde, quand on meurt, il arrive qu’on soit seul, et ça, je ne le supporte pas ».

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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