Ehpad de Bourmont : le sordide et l’omerta
Justice. Le jugement de l’ancien directeur de l’Ehpad de Bourmont a été renvoyé à novembre prochain. Licencié et placé sous contrôle judiciaire, il répondra aux faits présumés d’agression sexuelle sur une personne vulnérable.
Comme l’avait indiqué JHM Quotidien le 15 février 2022, Claude Nicolas, le directeur de l’Ehpad « les Myosotis » a été licencié en septembre 2021 après des manquements graves. En cause : des attouchements qu’il aurait commis sur l’une des résidentes.
La justice ayant été saisie par la famille, il a été placé sous contrôle judiciaire le 17 février dernier avec une qualification des faits présumés : « agression sexuelle sur une personne vulnérable par personne abusant de l’autorité de sa fonction commis courant juin 2020 et jusqu’au 1er septembre 2021 ».
Une audience a eu lieu en cette fin du mois d’avril avec le renvoi du dossier au 15 novembre prochain. L’ex-directeur reste sous contrôle judiciaire d’ici là.
Plus d’un an de mise en cause
Le fait marquant dans cette procédure est le laps de temps durant lequel les faits auraient été commis. Il est question de juin 2020 à septembre 2021. Or, ils ont été observés, seulement, durant l’été 2021 grâce à un système de veille mis en place au sein de la structure.
A noter que l’Ehpad est sous gestion communale et plus précisément du centre communal d’action social. A ce titre, Jonathan Haselvander, le maire de Bourmont, estimait en ce début d’année avoir eu « une réaction énergique et ferme » en lançant la procédure de licenciement et en accompagnant la famille dans ces démarches judiciaires.
Selon nos informations et malgré l’omerta qui règne au sein de l’Ehpad de Bourmont, l’enquête ferait apparaître que les agressions sexuelles duraient depuis plusieurs mois avec, pour les symboliser, un comportement étrange de l’ancien directeur qui est présumé innocent.
« Il m’embête »
Il aurait eu pour habitude de s’enfermer dans la chambre de la victime présumée et de la sortir de la structure pour des promenades ou aller chez le coiffeur. Habitude qu’il n’avait avec aucun autre résident.
La situation confine au sordide en apprenant que la résidente est atteinte de la maladie d’Alzheimer et que, depuis quelques temps, elle déclarait et répétait sans cesse : « il m’embête ».
Pour ajouter à cette situation pour le moins étrange, Philippe Krin, le directeur qui a précédé celui mis en cause raconte que, lors du recrutement de son successeur, il a « fait partie du jury en qualité de directeur qui allait quitter ses fonctions pour cause de retraite ». Il raconte : « j’avais plusieurs fois attiré l’attention sur le passé de ce monsieur déjà poursuivi pour d’autres affaires. Il m’avait été répondu que ce n’était pas mon problème car son profil et son expérience suffisaient ».
Frédéric Thévenin
Ambiance aux Myosotis
Au sein des Myosotis, il règne une omerta doublée d’une paranoïa au sein du personnel. Evidemment, comme dans d’autres Ehpad où il a été demandé de ne pas parler à la presse sous peine de licenciement, les soignants sont tenus de ne pas évoquer l’affaire. Mais, la situation est encore plus dégradée.
Il n’est pas question ici des soins apportés aux résidents qui sont jugés corrects mais de l’attitude vis-à-vis de l’extérieur. Aline Didier rend visite, régulièrement, à deux des résidents sur la soixantaine qui est présente. Or, à l’époque de Carnaval et donc peu de temps après la révélation des faits, elle a pris l’initiative de prendre une vidéo de la décoration réalisée à cette occasion ainsi que des deux personnes qu’elle suit pour un membre de la famille.
Aussitôt, elle a été recadrée par la responsable du site par intérim en lui demandant le but de cette vidéo. Pire : dès sa sortie, elle a été contactée par les gendarmes et a fait l’objet d’un interrogatoire qu’elle juge désagréable et déplacé. Elle en est restée estomaquée et choquée. Elle s’interroge : « que je sache, ce n’est pas les familles des résidents qui ont commis l’agression sexuelle ? » Elle s’est sentie « pistée comme une criminelle ». A noter qu’elle ne remet en aucun cas en doute la qualité des soins prodigués aux résidents.