Egalité des genres : Segpa et 6e jouent la carte du débat
Au collège Anne-Frank, les classes de 6e histoire-géo et 4e Segpa travaillent main dans la main sur la question de l’égalité hommes-femmes. Après cinq rencontres, ils vont élaborer un jeu de cartes favorisant les débats constructifs.
Ce mercredi matin, comme chaque semaine depuis un mois et demi, c’est le même rituel au collège Anne-Frank. Les élèves de la 6e5 Histoire-Géographie et de la 4e2 Segpa se rassemblent pour débattre sur le thème de l’égalité. Quoi de mieux comme sujet pour cette journée internationale des droits des femmes ?
Point de départ de tout cela, une initiative de Tina Maulouet, assistante d’éducation (AED) au collège, de faire travailler des classes sur la question des préjugés. Se connaissant depuis l’année précédente, Jennyfer Dutt (professeure principale de 4e2 Segpa) et Damien Alonso (professeur principal de la 6e5) acceptent le challenge. Hery-Dominic Laurain, assistant pédagogique, se joint à l’aventure.
Pour la première rencontre cinq semaines plus tôt, leurs mentors leur proposent un jeu façon « Pizza ou Burger ? ». « Ils étaient séparés en groupes, assez silencieux. Le jeu était une bonne manière de les socialiser », explique Damien Alonso. La mayonnaise prend. Les jeunes s’entendent bien, sont de plus en plus à l’aise pour exprimer leurs idées. Le sentiment naturel « d’exclusion » des Segpa se dissipe, au fur et à mesure que les préjugés de leurs collègues de 6e s’envolent.
Choix
Alors, l’équipe décide de passer à la vitesse supérieure, en abordant des notions plus sensibles comme la discrimination ou le sexisme. Si certains clichés ont pu être entendus comme « la place de la femme, c’est en cuisine », leurs préjugés restent globalement rares : « Le fait qu’un homme ne travaille pas par exemple, ce n’était pas du tout choquant pour eux », souligne Jennyfer Dutt. « Ils n’ont pas d’avis déjà défini contrairement aux plats qu’ils connaissent. Cela les pousse à faire de recherches pour construire leur réflexion », ajoute Hery-Dominic Laurain.
Pour nourrir leur esprit critique, les professeurs leur proposent de défendre un point de vue qui n’est pas le leur. Résultat, mieux que les débats politiques auxquels les Français ont le droit, les jeunes argumentent, s’écoutent, se dévoilent. La preuve avec ce témoignage d’un ado rapporté par le professeur de 6e5 : « Je ne comprends pas son point de vue, mais je dois le respecter. »
Egalité
Pour promouvoir les droits des femmes, les collégiens planchent sur la création d’un jeu de cartes, qui restera ensuite à disposition au CDI. Selon le principe de leur tout premier jeu, « Pour ou contre ? », les adolescents vont proposer des débats qui soulignent certains préjugés. Exemples : une poupée pour les garçons, du rose pour les garçons, une femme mécanicienne, l’amitié garçons-filles, les femmes au volant… « Ce qui est intéressant, c’est qu’ils déconstruisent parfois eux-mêmes leur idée de départ », savoure Damien Alonso.
Après leurs compétences sociales, psychosociales ou encore civiques, les collégiens vont pouvoir développer leurs compétences numériques mercredi prochain, avec la conception de ce jeu.
Louis Vanthournout