Edition : “L’œil à l’aurore” de Henri Pierre Jeudy
Livres. Le nouvel ouvrage du philosophe de Cirey-sur-Blaise vient de paraître aux éditions Châtelet Voltaire, intégrées depuis peu dans les éditions Liralest. Un livre très personnel, celui d’un homme qui vieillit et ressent le besoin de la confidence. Une sorte de journal intime divisé en seize chapitres courts et une finale intitulée « post mortem ». Un texte sincère et touchant porté par une véritable exigence d’écriture.
La vieillesse et de la mort sont des thèmes récurrents chez l’auteur. La vieillesse qui trouble la mémoire, provoque la déchéance physique et qui « anéantit les charmes de la séduction ». L’écriture devient alors l’exutoire qui lui permet de « déposer respectueusement (ses) angoisses de la mort » et de retrouver la joie de vivre et d’aimer. Car il est habité par son amour pour Clotilde, qui vient des Tropiques, la brésilienne dont il a fait son « personnage ». Dans une alternance de scènes réelles, de retours en arrière, et de rêves éveillés, provoqués dit-il « par la débandade de mon inconscient », il parle de Clotilde dont l’humeur l’enchante : « elle est là, et de ses innombrables sourires, naissent des images encadrées qui s’envolent au vent de mes souvenirs », de Clotilde « moqueuse et apaisante », de Clotilde qui pleure, qui veut changer de vie et qui enfin le quitte.
Ancré dans son fauteuil Voltaire, après ce bel hommage à la femme qu’il aime, il attend, « l’œil à l’aurore », où tout renaît, car « à l’aube, je revois, comme tous les jours ton visage qui me sourit pour m’encourager à vivre ». « Absorbé par la lumière du jour »… il essaie « d’apprivoiser la mort, telle la douceur d’un dernier sommeil ». Une belle leçon d’humilité et de sagesse.
De notre correspondante Françoise Ramillon