Economie agricole : la fragilité du bio sur les terres haut-marnaises
La comparaison entre l’agriculture bio et l’agriculture conventionnelle est souvent périlleuse étant donné que les aides sont très différentes mais aussi les prix, les rendements et les charges. CER France ose s’y coller de manière chiffrée et objective.
Cette différence s’exprime, en premier lieu, au niveau des rendements. En blé, ils sont, en moyenne, de 26 q/ha pour le bio et de 69 pour le conventionnel. Mais, pour obtenir le produit total, il faut y associer le prix de vente (plus élevé en bio), le nombre d’unités de main-d’œuvre (moins élevé en bio) et les aides (plus élevées en bio avec 356 €/ha contre 257 en conventionnel). Au bout du compte, le produit total est quasiment similaire avec 1 131 €/ha pour le bio contre 1 177 pour le conventionnel.
En bio, les charges opérationnelles sont peu élevées, à 214 €/ha, avec comme premier poste celui des semences. Par contre, pour les “conventionnels”, l’utilisation d’engrais fait monter ces charges à 410 €.
A l’inverse, les charges de structure sont plus élevées chez les bio (833 €/ha contre 685) en raison de la mécanisation (bineuse, sarcleuse…) et des bâtiments nécessaires pour le stockage et le tri des graines. Du coup, les annuités sont plus importantes et donc le revenu disponible plus faible.
Grâce aux aides
Au CER France, pour le bio, les techniciens parlent aussi d’aides supérieures pour un produit par hectare équivalent. Elles grimpent du fait d’assolements plus diversifiés entre légumineuses et protéagineux. Ils soulèvent également que, comme dans le conventionnel, « il existe de grandes disparités entre exploitations et la technicité reste le premier élément déterminant ». Quoi qu’il en soit, il est compliqué de produire des céréales bio dans le Barrois aux terres superficielles et se dégager un revenu convenable.
La tendance est un peu semblable dans la production de lait bio avec un revenu disponible plus faible qu’en conventionnel (27 400 €/unité de travail contre 30 737). Là encore, les exploitations sont plus petites (116 ha contre 197 en moyenne). La main-d’œuvre est moins nombreuse et les aides sont plus élevées (441 €/ha contre 334) mais les charges de structure sont plus élevées ainsi que les annuités.
Problème : la situation ne devrait pas s’arranger car un déséquilibre entre les volumes produits et la capacité d’absorption du marché est apparu. Autrement dit, la production de lait bio (et d’œufs bio) augmente plus vite que la consommation qui a tendance à stagner. Le prix du lait bio payé aux producteurs baisse actuellement (- 5 à – 20 €/1 000 l pour atteindre les 480/490) du fait de déclassements fréquent en conventionnel. De la même manière, en céréales bio, les prix stagnent (450 € la tonne en blé et 350 pour les orges de brasserie).
Ces résultats font dire aux techniciens de la Chambre d’agriculture qu’en bio, « l’équilibre économique est fragile en zone à faible potentiel agronomique quand les aides à la conversion sont terminées ».
Frédéric Thévenin
Sur le même sujet...
Jeudi 9 avril, Initiativ’Retraite Aropa 52 (association de retraités des organismes professionnels agricoles de la Haute-Marne) a tenu son assemblée générale, au centre sportif et culturel Robert-Henry de Nogent. Régis(...)