Ecole de Semoutiers : vers une classe unique de CP-CM2 ?
Education. Ce jeudi 2 mars, peu avant l’ouverture des portes de l’école de Semoutiers, des parents d’élèves ont manifesté. Pour cause, un poste d’enseignant doit être supprimé. Il ne resterait alors qu’une classe de primaire, regroupant les élèves du CP au CM2.
Une classe unique pour les élèves du CP au CM2. Un seul enseignant pour apprendre à certains élèves de compter jusqu’à 100, pendant que d’autres font des fractions. Les parents d’élèves de l’école de Semoutiers ne veulent pas voir cela arriver.
Ce jeudi 2 mars, ils sont venus trente minutes avant la prise en charge de leurs enfants pour manifester. Deux jours auparavant, lors du conseil des écoles maternelles et primaires de Semoutiers, ils ont appris la suppression de l’un des trois postes d’enseignant. Fermement opposés à cette décision, ils ont décidé d’agir.
Priscillia François, maman d’un enfant scolarisé dans la classe de CP-CE2, s’alarme de cette éventuelle unique classe. « Trois cycles dans une même classe ça fait déjà beaucoup. Les petits dérangent les plus grands. Je ne pense pas que l’on puisse regrouper plus. »
« Les projets extra-scolaires vont en pâtir »
Du côté du professeur de la classe de CP-CE2, Ludovic Aragon, l’inquiétude règne également. « On fait déjà du multiniveau. On pourrait le faire avec deux sections supplémentaires, mais on va se retrouver à courir entre les élèves. Cela ne va pas dans le sens du bien-être des enfants.
Il souligne : « Les projets extra-scolaires vont en pâtir. Partir en classe de mer avec des CP ou des CM2, ce n’est pas pareil. On ne pourra pas proposer les mêmes choses ». Priscillia François ajoute : « Si le professeur est malade, comment va faire un remplaçant qui se retrouve de but en blanc face à une classe comprenant cinq niveaux ? »
Face à la suppression de poste, une autre organisation possible serait de mélanger les CP avec les maternelles, mais une autre problématique survient alors. Les lavabos, toilettes et autres installations ne sont pas à la même hauteur. Il faudrait alors des investissements en parallèle de la suppression du poste, ce qui a un côté paradoxal. « Ils font des calculs mathématiques avec les effectifs, mais ce n’est même pas adapté aux locaux », pointe Ludovic Aragon.
« La mort du village »
Par ailleurs, l’école n’a plus de digicode depuis plusieurs années. Quand occasionnellement il y a besoin d’ouvrir les grilles de l’école, l’instituteur se déplace. Aujourd’hui, à deux, l’un y va pendant que l’autre surveille les élèves. Avec un seul enseignant, il faudrait se dédoubler.
Un coup serait également porté aux communes de Richebourg et Montsaon, les enfants y résidant étant majoritairement scolarisés à Semoutiers. L’attractivité de la base militaire pourrait également subir des retombées.
« Les nouveaux parents ne vont pas vouloir inscrire les enfants dans une école où tous les élèves sont dans la même classe. Petit à petit, ça va conduire à la fermeture de l’école et à la mort du village », pointe Priscillia François. Autant de points qui poussent Aurélie Doern, parent d’élève, à soutenir : « S’il n’y a pas de changement, les actions continueront. C’est pour le bien-être des élèves, mais aussi des enseignants ».
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
Trois enseignants pour une école
« Cela fait 13 ans que j’enseigne ici. Je vois bien que ça se dégrade. Quand j’ai commencé, il y avait cinq classes. Aujourd’hui, il y en a plus que trois », confie Ludovic Aragon, professeur de de la classe de CP-CE2 à l’école de Semoutiers.
L’école compte 49 écoliers répartis dans une classe de maternelle, une de CP-CE2 et une de CM1 – CM2. Pour l’année prochaine, 44 enfants sont déjà inscrits. Devraient s’ajouter dix nouveaux maternels, pour atteindre un effectif total de 54 élèves.
Les maternelles et primaires sont dans deux bâtiments distincts. Si la suppression du poste d’enseignant advient, il n’y aura plus qu’un seul enseignant dans chaque bâtiment.