Eco-Hebdo : vents d’Amérique
Les temps changent, mais l’influence américaine reste intacte. Il y a 15 ans Lehman Brothers s’effondrait, avec une onde de choc qui atteignait tous les pays développés. De mauvais augures annonçaient même la fin du capitalisme. Prévision hasardeuse : le « système » s’est ressaisi. Mais des traces demeurent : la crainte d’une nouvelle crise dite systémique demeure. Trop de liquidités déversées dans l’économie, trop de déficits. Pour le moment, les États-Unis font face et se livrent à une gestion de père de famille dans les affaires du monde : tempérer les ardeurs de l’Ukraine pour mieux se concentrer sur le front asiatique. On n’est plus en 39-45 où l’armée américaine se battait à la fois contre les nazis et l’impérialisme japonais.
Sur le plan social, Biden doit faire face à des syndicats bien décidés à faire prévaloir leurs revendications. Leur cible : le secteur emblématique de l’automobile. Ils réclament 46% de hausse des salaires dans les quatre années à venir. Du massif, à l’américaine. Les « Big Three » (General Motors, Ford et Stellantis) se sont lancés dans la bagarre. Avec un soutien de poids : Joe Biden qui appelle à un « partage juste de leurs bénéfices records ». On saura d’ici à quelques jours si ce mouvement d’ampleur s’installe dans le climat social d’outre-Atlantique.
Il est déjà sûr qu’il fera sentir ses effets en Europe. Rappelons que Stellantis est le fruit de la fusion de Chrysler et du…français PSA. Toute conquête salariale sera mise en avant par les syndicats de ce côté-ci de l’Atlantique. Ainsi, par effet de contagion, on passe allègrement de la bataille de l’emploi à celle des salaires. Même si les tenants de l’orthodoxie budgétaire y voient le danger d’une inflation par les coûts. L’économie ne fait que gérer des contradictions…
Patrice Chabanet