Eco Hebdo : ton nom solidarité
Elle n’est pas prise en compte par les savantes études économiques. Son impact n’est pas mesuré. Elle fait appel plus à l’instinct qu’à la raison. La solidarité, puisqu’il s’agit d’elle, prend une place croissante quand les temps deviennent durs. C’est le cas aujourd’hui, tant sur le plan externe avec la crise ukrainienne qu’au niveau interne avec un taux de pauvreté important eu égard à la richesse du pays.
Faute de chiffres précis, ce sont les exemples qui nous éclairent le plus. Dès qu’une commune propose une collecte de dons pour l’Ukraine, elle est vite submergée par la participation des habitants. Les Français que l’on dit individualistes savent partager quand il le faut. De la même manière, quand des journées sont organisées par des associations comme la Banque alimentaire pour venir en aide à ceux qui sont privés de l’essentiel dès le 10 ou le 15 du mois, le succès est garanti. On pourra toujours épiloguer sur les motivations des donateurs : se donner bonne conscience ou contribuer sincèrement à améliorer la situation des moins nantis. Dans un premier temps, c’est le résultat qui compte. Après, c’est au politique de trouver des solutions pérennes. Le modèle républicain est justement là pour permettre aux propositions d’être traduites en actes par le truchement des élections.
La solidarité constitue, d’une certaine manière, une forme d’aveu d’échec. Comment, sous nos latitudes, des centaines de milliers de personnes en sont réduites à vivre de l’aumône ? D’une majorité à l’autre, les études et les promesses se multiplient et butent sur un seuil incompressible. L’approche économique ne peut pas tout résoudre. La pauvreté est parfois le résultat d’accidents de la vie et de la méconnaissance des dispositifs juridiques. On sait très bien que de nombreux ayants droit à des allocations spécifiques ne se manifestent pas. Il revient à l’État et aux différentes collectivités d’informer nos concitoyens qui sont sortis du circuit de la normalité. Et surtout de ne pas les ignorer. Ventre affamé n’a point d’oreilles.
Patrice Chabanet