Eco-Hebdo : se méfier des apparences
Enfin, une bonne nouvelle ; les cours du brut ont entamé une lente décrue. Dans une période où les prix s’envolent, il y a de quoi se réjouir. Pour une fois. Le plus important est le ressenti. Or les automobilistes n’ont pratiquement rien vu sur le compteur de la pompe. Le plein reste cher. Ancienne classique : dès que le prix du brut augmente, celui de l’essence suit rapidement. En revanche, dès qu’il baisse, la répercussion sur le plein d’essence se fait sentir lentement. L’explication se perd dans des détails techniques réservés aux initiés.
Restons optimistes : toute baisse est bonne à prendre. Mais, il y a un mais de taille, l’avenir reste embrumé. L’environnement international est passablement secoué, par la guerre en Ukraine, bien sûr. Mais maintenant s’ajoutent des dangers qui viennent du grand large avec l’effondrement de la Silicon Valley Bank. Officiellement, c’est une affaire purement américaine. Mais c’est bien connu, quand l’Amérique éternue, c’est l’économie mondiale qui s’enrhume. Au-delà, il faut y voir l’emballement des sociétés occidentales. Le sacre de l’intelligence artificielle a libéré des centaines de milliards de dollars en faveur des nouvelles technologies. Du coup, le système s’étouffe.
De proche en proche de nouvelles explications viennent nous renseigner sur la baisse de l’or noir. L’inflation fait peur aux banques centrales qui voient se profiler une récession. Et qui augmentent les taux d’intérêt, pour refroidir la machine. Dans la foulée les pays producteurs baissent le cours du brut, pour ne pas casser les ressorts fragiles de la croissance.
Bon courage à ceux qui nous gouvernent pour expliquer à leurs opinions publiques la complexité de la formation des prix. Un bon thème pour les étudiants en économie. Mais une réalité souvent insaisissable.
Patrice Chabanet