Eco-Hebdo : retour aux sources
Réindustrialisation : le mot est scandé à la manière d’un appel à la mobilisation générale. Prise de conscience tardive, mais salutaire. Notre pays a enfin compris que l’industrie constituait le muscle de son économie. Depuis les années 70 les gouvernements qui se sont succédé ont d’abord misé sur l’essor du tertiaire, jugé plus valorisant, plus noble que l’industrie. C’était bon pour les Allemands…
Or la dure réalité des crises a montré que les pays les plus puissants ou en voie de l’être (Etats-Unis, Chine, Japon, Allemagne, Corée du sud) ont bâti leur leadership sur leur outil industriel. Et comme par hasard ce sont eux qui sont en train de mettre en route les plans de relance les plus vigoureux. On songe à l’IRA (Inflation Reduction Act) des Etats-Unis et ses 370 milliards de dollars. Officiellement, il est destiné à combattre l’inflation. Dans les faits il revient à favoriser les implantations industrielles (créations ou extensions) et à attirer les capitaux étrangers. On peut être alliés sur le front ukrainien et concurrents dans les affaires.
Compte tenu des effets de taille, le plan français annoncé par Emmanuel Macron est plus modeste : 54 milliards d’euros sur 5 ans. Mais il devrait enrayer la désindustrialisation de notre pays. Il y a du boulot ! En 2021, la part de l’industrie dans le PIB était de 40,2% en Irlande, 35,6% en Norvège, 29,3% en Pologne, 31,2% en République tchèque et…16,8% en France. Seule la Grèce était plus mal placée, 15,9% *….
Les crises les plus récentes – Covid et Ukraine – ont montré qu’on n’avait pas les capacités de production nécessaires pour répondre à une forte augmentation de la demande : pénurie de médicaments dans un cas, pas assez d’équipements militaires dans l’autre. Sérieux avertissement bien reçu. Enfin.
Patrice Chabanet
*Source : Banque Mondiale