Eco-Hebdo : nouveau paysage social
En entreprise on parlerait de changement managérial. En l’espace de quelques mois de nouveaux leaders sont promus à la tête des syndicats : Sophie Binet à la CGT, Marylise Léon à la CFDT, Frédéric Souillot à FO (depuis l’an dernier). Les organisations professionnelles s’inscrivent dans la même logique puisque le Medef aura un nouveau président en juin pour succéder à Geoffroy Roux de Bézieux.
Nouvelles têtes, nouvelles gouvernances ? Le discours des uns et des autres n’a pas changé : action dans la continuité. Schéma classique dans toute succession apaisée. Malgré des différends internes propres à toute organisation, il n’y a pas eu de putsch pour remplacer les anciens. Un bon point par rapport à la classe politique, souvent traversée par des spasmes violents.
On note pourtant certaines inflexions. Malgré une opposition apparemment irréductible à la réforme des retraites, deux syndicats et non des moindres – la CFDT et la CGT – ont répondu favorablement à l’offre de dialogue de la Première ministre. FO devrait suivre le mouvement.
Nul ne peut dire quelle sera l’issue de cette amorce de dialogue, à ne pas confondre avec une négociation. Mais elle consacre un rééquilibrage des forces. Le gouvernement a gagné la bataille législative. Les syndicats conservent un large soutien de l’opinion publique. Tôt ou tard, l’exécutif devra prendre l’initiative d’une rencontre avec tous les partenaires, et non plus les uns après les autres. Cela veut dire laisser syndicats et patronat « co-construire » une solution durable et – modifiable au gré des circonstances – pour éviter la répétition de ces crises à la française qui font beaucoup rire à l’étranger. L’apparition de nouveaux visages à la tête des syndicats peut et doit ouvrir cet espoir.
Patrice Chabanet