Eco-Hebdo : Même la moutarde
Après l’huile, la moutarde. Dans les deux cas, la pénurie a vidé les rayons, de quoi inquiéter les amateurs de vinaigrette ou de mayonnaise. Même l’iconique moutarde de Dijon est frappée de plein fouet. A l’origine de ce qui n’est pas encore… un drame humain, il y a tout simplement le dérèglement climatique. La sécheresse a fortement réduit la production de graines de moutarde en France et au Canada, premier pays producteur de cet ingrédient essentiel. Conséquence directe : une forte hausse des prix, pratiquement 10%.
La guerre en Ukraine n’est donc pas responsable. On reste dans le schéma classique d’un déséquilibre entre offre et demande. Jusqu’à présent, l’attention s’était focalisée sur les pénuries dans le secteur industriel, le manque de composants éléctroniques par exemple. Avec la moutarde, c’est le secteur alimentaire qui est concerné, le plus visible dans la vie quotidienne.
Au-delà, le spectacle de rayons vides fait remonter à la surface le spectre des pénuries et les mauvais souvenirs des périodes noires de notre Histoire. Les experts nous rassurent en disant que la pénurie de moutarde – laquelle ne concerne pas les produits hauts de gamme – n’a rien de déterminant. Mais le ressenti l’emporte toujours sur la raison.
La France demeure une grande puissance agricole. Elle a de quoi nourrir largement sa population. Pas de danger pour le steak frites. Il y en aura pour tout le monde. Les amateurs risquent seulement d’être confrontés à une moutarde plus rare. Le jour où manqueront la viande ou les pommes de terre il faudra s’inquiéter. Cela signifiera tout simplement que la guerre se rapproche. On n’en est pas encore là. L’incertitude du lendemain nous fait seulement monter la moutarde au nez.
Patrice Chabanet