Eco-Hebdo : l’économie déboussolée
L’Allemagne est entrée en récession. Le PIB s’est contracté de 0,3% au cours du premier trimestre. Il avait déjà fondu de 0,5 % entre octobre et décembre. Il n’en fallait pas plus pour semer le doute dans les économies européennes. Le coup de mou de l’industrie allemande, notamment dans le secteur automobile, explique ce repli. Ce dernier a été aggravé par la hausse des taux directeurs destinée à freiner l’inflation. On ne le répétera jamais assez : nos voisins d’outre-Rhin sont encore tétanisés par la forte hausse des prix qui a emporté la démocratie de leur pays dans le sillage de la grande crise mondiale de 1929-1930. L’arme des taux est devenue stratégique.
Aujourd’hui, le risque d’effondrement est bien moindre. Mais une question demeure : la récession allemande se propagera-t-elle en dehors de ses frontières ? C’est bien ce type d’interrogations, plus que leur contenu, qui sèment un vent d’inquiétude. À lire la littérature spécialisée, il y a pratiquement autant d’experts qui nous annoncent des moments difficiles et d’autres qui prévoient un prochain rebond. Un tango idéologique idéal pour assourdir le discours politique.
Nos sociétés naviguent dans cet entre-deux. Les consommateurs, eux, se débattent entre des prix en folie. D’un côté, ceux des produits alimentaires s’envolent largement au-dessus du taux d’inflation. De l’autre, des enseignes installées et des nouveaux venus dans la distribution s’engagent dans des opérations prix cassés à coups de déstockages massifs. Il n’est pas dit pour autant que le consommateur soit le grand gagnant. À son humble niveau, il est devenu un trader lambda contraint de se livrer à des arbitrages quotidiens. Où se trouvent le kilo de carottes le moins cher et l’escalope de veau la plus abordable ? Passionnant.
Patrice Chabanet