Eco Hebdo : le travail et les allocs
Une gauche du travail plutôt qu’une gauche des allocs…Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, n’y est pas allé de main morte pour dénoncer un refrain idéologique. Le PS, la France insoumise et les Verts lui sont tombés tout de suite dessus pour avoir blasphémé le catéchisme d’une certaine gauche. Or si ses opposants avaient bien lu Marx – ce dont on peut douter – ils auraient compris que le philosophe du communisme plaçait le travail au centre de ses analyses. Pour lui, le travail distingue l’homme de l’animal. C’est grâce au travail que ce dernier se réalise, s’émancipe, à une réserve près : le travail peut être aussi source d’aliénation, ne serait-ce qu’à cause de l’inégalité dans la répartition de la plus-value entre le capital et les salariés.
Les allocs ou les aides sociales en général, qu’on le veuille ou non, ne constituent que des expédients. Au mieux un pis-aller. Les placer au centre de l’organisation de la société est forcément réducteur. Elles sont nécessaires pour les catégories les plus modestes, c’est évident. Mais comment peut-on bâtir un projet personnel, nourrir des ambitions de mieux-être à coups d’allocs ? C’est implicitement le message de Fabien Roussel qui, d’une certaine manière, pointe les insuffisances d’un discours centré sur l’assistanat.
Cette polémique nous renvoie une fois de plus à l’éternel débat sur la finalité du travail. Une partie de la gauche a toujours considéré que tout était dans l’étymologie du mot travail, tripalium (torture). On connaît les excès de cette interprétation. Sandrine Rousseau de la Nupes n’a pas craint de vanter « le droit à la paresse », stigmatisant le travail comme une « valeur de droite ». Un raccourci qui trahit pour le moins une bonne dose de paresse intellectuelle.
Patrice Chabanet