Eco-Hebdo : le prix de la décence

Florent Menegaux, le PDG de Michelin a donc lâché une véritable bombe en évoquant l’instauration d’un « salaire décent » pour les 132 000 salariés du groupe qu’il dirige. Contrairement au Smic, son niveau est adapté à la situation de chaque pays.

Porte ouverte au salaire différencié, a déploré la CGT. Si le risque existe, on ne peut nier que le coût de la vie diffère d’une région à l’autre. On pense au décalage entre Paris et la Creuse ou la Corrèze, ne serait-ce que pour la location ou l’acquisition d’un logement. Maintenir un salaire unique crée une inégalité.

Implicitement, le plaidoyer de Florent Menegaux en faveur d’un salaire décent pointe en creux l’existence de salaires indécents dans notre économie. Plus important, il relance le débat sur la question salariale au moment où le pouvoir d’achat redevient une préoccupation essentielle chez les Français.

On peut prévoir, à court et à moyen terme, une redéfinition des grilles de salaires et la prise en compte, dans le Smic, d’éléments plus nombreux que dans la formule actuelle. La constitution d’une épargne de précaution pourrait être l’un d’entre eux, en conformité avec le système proposé par l’ONG Fair Wage Network.

Que Michelin choisisse de s’impliquer aujourd’hui dans ce qui ressemble à une revendication presque provocante n’est pas dû au hasard. Accusée depuis longtemps de paternalisme, l’entreprise a souvent pris en charge la vie sociale de ses salariés. Les Clermontois ont connu les cités Michelin, les coopératives du même nom. Idem pour les écoles ou les clubs sportifs. Un signe qui ne trompe pas : les salariés, même les plus réservés, sont toujours fiers de travailler chez « Bib ».

Patrice Chabanet