Eco-Hebdo : la peur du lendemain
De manière diffuse un certain malaise se répand dans la population. Les raisons en sont multiples : l’impact de la pandémie, la guerre en Ukraine, la dégradation du climat social, des signes d’essoufflement de la croissance, des pénuries dans plusieurs secteurs de l’économie.
Pour le moment, l’homme de la rue garde son calme. Un calme relatif. Certaines scènes de la vie de tous les jours parlent d’elles-mêmes. Dans les hypermarchés et les supermarchés les rayons d’huiles sont vides, attitude classique chez les égoïstes de service. Des comportements étranges se manifestent aussi dans la fixation des prix : on nous explique l’augmentation de certains produits alimentaires à base de céréales par l’envolée des matières premières, mais celles qui sont utilisées proviennent de récoltes réalisées avant le retour de l’inflation. Ce comportement a un nom ; la spéculation.
Pour le moment, la peur du lendemain ne provoque pas trop de dégâts. Mais cela pourrait changer plus tôt que prévu. L’inquiétude peut entraîner des phénomènes d’anticipation, comme une moindre consommation qui, à son tour génère une baisse des investissements et un gel des embauches. Une contraction de l’activité qui, par capillarisation, va toucher les sous-traitants.
De là à parler de récession, il y a une marge qu’il serait (provisoirement) hardi de franchir. Certains secteurs comme le bâtiment poursuivent sur leur lancée, pénalisés par des difficultés de recrutement. Mais l’économie reste tributaire de l’air du temps. L’évolution de la crise ukrainienne sera déterminante. Si le conflit dégénère, la consommation, donc la croissance, se figera. Les espoirs nés de la fin de la pandémie s’évanouiront. Une hypothèse qu’on n’aimerait pas voir se réaliser.
Patrice Chabanet