Eco-Hebdo : la force des symboles
Tous les produits ne se réduisent pas à leur dimension économique ou à leur utilité sociale. Certains ont une charge symbolique qui les distingue des autres. Deux polémiques récentes l’ont montré avec éclat : le prix de la baguette et la gastronomie. En lançant une baguette à 29 centimes, Leclerc savait que l’impact serait retentissant. Il l’a été. Dans l’imaginaire des Français, le pain est LA référence qui puise ses racines dans la religion (« donne-nous notre pain de ce jour »). La même réduction sur le kilo de pommes de terre ou sur le litre de l’huile serait passée inaperçue. Pour autant, la colère des boulangers se comprend : ils ne se battent pas avec les mêmes armes. Démontrer que les composants de la baguette à prix fracassé sont de moindre qualité demeure un exercice impossible. Pour de nombreux consommateurs, les plus modestes, le prix demeure la variable essentielle au moment des achats.
Plus hallucinante est la polémique déclenchée par le communiste Fabien Roussel. Il a osé affirmer que la gastronomie devait être accessible à tous, pas la gastronomie des étoilés, mais celle qui permet de savourer ce que l’on mange, un bon camembert par exemple, et pas seulement de se nourrir. Dans une gauche en pleine débandade, et en panne d’idées, des condamnations ont accueilli les propos de Roussel. Parler de gastronomie constituerait un véritable crime de lèse-peuple. Si l’on s’inscrit sur ce registre, ledit peuple devrait se contenter de carottes râpées, de pain sec et de fruits non exotiques. Le nivellement par le bas.
La baguette, la gastronomie deviennent des signes de la confusion des genres. Tout est dit et surtout n’importe quoi, loin d’une juste appréciation de la réalité. Une véritable réflexion sur la gastronomie mériterait mieux que ces échanges fielleux. Notre pays est connu pour son excellence dans ce domaine. C’est un atout économique. Il ne s’agit pas de le polluer avec une approche monacale, comme si gastronomie était un gros mot.
Patrice Chabanet