Eco-Hebdo : il y a crise et crise
Les spécialistes et autres experts adorent se référer à des exemples historiques pour étayer leurs commentaires ou leurs analyses. Les crises que nous connaissons actuellement leur offrent un vaste champ de supputations. Sur l’échelle de la gravité le risque d’un effondrement économique de l’Occident est de plus en plus évoqué, et pas seulement par les collapsologues de service. C’est la reprise générale de l’inflation qui a déclenché un frémissement de panique. Elle ravive le souvenir glaçant de 1929 et son implacable triptyque : hausse des prix, explosion du chômage et baisse du niveau de vie.
Force est de constater que la situation actuelle a des airs de ressemblance avec la grande Crise, mais qu’elle est loin d’en être la simple copie, notamment en France. Les chiffres, pour parler d’eux, n’ont rien à voir entre 1929 et 2022. A l’heure actuelle, l’inflation ne dépasse jamais 10% en rythme annuel dans l’ensemble des pays occidentaux. Rien de ressemblant avec l’hyperinflation de la République de Weimar, en 1923 : le produit qui se vendait un mark avant la grande Guerre coûtait…750 milliards de marks en 1923. Sur le plan social, même dégringolade : 6 millions de chômeurs en Allemagne, le tiers de la population active. La sévère chute des exportations, conséquence des barrières douanières imposées par les Etats-Unis, explique en grande partie ce phénomène.
Dans ce domaine, comme dans d’autres, on peut parler de spécificité française qui nous ramène au contexte actuel. La grande crise a frappé notre pays deux ans après les autres, et avec une moindre vigueur. L’emploi, par exemple, n’a jamais été sinistré comme il l’a été aux Etats-Unis et en Allemagne, avec des taux à deux chiffres. Dans ces pays l’image de la crise ce sont ces queues interminables pour la soupe populaire.
Entrée plus tard dans la crise, la France en est sortie plus tard aussi, avec des polémiques politiques bien de chez nous. Pendant que l’Allemagne hitlérienne réarmait elle restait prisonnière de ses contradictions, avec une population plus préoccupée par son bien-être social que de la solidité de la nation. L’addition, plus lourde que la crise, a été payée en 1940.