Eco-Hebdo : Féminisation assumée
Agathe Monpays, 28 ans, a donc été nommée directrice de Leroy Merlin. Il n’en fallait pas plus pour susciter l’étonnement de certains et des explications filandreuses. L’intéressée ferait partie du groupe Mulliez auquel appartient Leroy Merlin, à travers sa filiale Adeo. Ceci expliquerait cela. Une manière de diminuer les mérites de l’intéressée, le machisme aidant. La réalité est plus simple : Agathe Monpays a fait pratiquement toute sa (jeune) carrière au sein du groupe. Son dernier poste en date : directrice de l’enseigne du bricolage en Grèce et à Chypre. Elle y a appris que chaque pays avait sa propre culture dès lors qu’il fallait bricoler. La mondialisation a ses limites…
On espère que pareille promotion fera école, mais il reste beaucoup de chemin à faire. Les instances de direction des entreprises représentées au CAC 40, ne comptaient en 2018 que 13,9% de femmes, selon L’Observatoire des multinationales. Quatre ans plus tard, elles représentent « un peu plus d’un quart » de ces instances. Mais plus on monte vers le sommet, plus rares sont les postes dévolus aux femmes. Les statistiques parlent d’elles-mêmes si l’on se réfère au site Multinationale.org : seules trois entreprises du CAC 40 ont placé une femme à leur tête.
Il n’en demeure pas moins vrai que la situation s’améliore lentement. La loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011 y est pour beaucoup. Elle oblige les grandes entreprises à confier à des femmes 40% des postes de leurs conseils d’administration et de surveillance. Une méthode fondée sur les quotas, condamnée par les uns, louée par les autres. Il est vrai qu’à ce niveau de responsabilité la valeur devrait primer sur l’obligation légale. Mais la loi a au moins l’avantage d’amorcer la pompe ou d’accélérer son débit.
Patrice Chabanet