Eco-Hebdo : entre guerre et paix
On connaît la célèbre citation de Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Les deux grands conflits du XXème siècle lui ont donné raison. Pour prendre le seul exemple de l’Allemagne, la montée du nazisme a été favorisée par le soutien de la grande industrie. En 1945 l’une des premières décisions des Alliés a été précisément de démanteler les grands groupes comme Krupp et IG-Farben.
La « conflictualité » d’aujourd’hui (l’Ukraine et le Proche-Orient) fait penser à une répétition de l’Histoire. Les « marchands de canons », comme on les appelait naguère peuvent se frotter les mains : les carnets de commandes explosent et l’offre peine à suivre la demande. Les artilleurs et les tankistes doivent réfréner leurs ardeurs faute d’obus en quantités suffisante.
Le capitalisme, tel qu’on le connaît aujourd’hui, n’a donc pas intérêt à pousser la roue de la guerre, empêché qu’il est par les limites des appareils de production. Cela n’empêche pas les postures guerrières, ni les alliances grotesques. Ainsi la Russie, nouvelle convertie au libéralisme depuis 1989, se fournit en munitions en Corée du Nord…
Plus fondamentalement l’interdépendance des grandes puissance relègue la guerre dans la catégorie des pires solutions. En témoigne la récente rencontre Joe Biden-Xiping à San Francisco. Les dirigeants des deux permières puissances mondiales ont rétabli les canaux de communication militaire. En cela, ils confirment leur volonté de maintenir un condominium sur l’ensemble de la planète, ce qui exclut de passer par la case guerre. Une façon de conforter leur complémentarité économique. Mais ce montage géo-stratégique n’est pas à l’abri d’un accident.
Patrice Chabanet