Eco-Hebdo : entre deux tentations
La politique économique du gouvernement – comme celle d’ailleurs de ses partenaires européens – doit naviguer entre deux tentations contradictoires. Celle des consommateurs qui appellent à un contrôle des prix sévère pour endiguer l’inflation. Celle de l’offre – producteurs et distributeurs – qui a tendance à laisser filer les prix. Pour les meilleures intentions du monde – rétablir les marges laminées par le Covid, entre autres – qui passent mal chez les consommateurs.
De guerre lasse, l’État censé être le régulateur du système commence à taper du poing sur la table. Il exige la réouverture des négociations entre producteurs et distributeurs pour limiter les dégâts sur le pouvoir d’achat. Les premiers traînent des pieds, mais des engagements auraient été pris (restons au conditionnel…) pour les pâtes, la volaille, les céréales et l’huile. Le proche avenir nous dira si les baisses annoncées effaceront significativement les hausses. On peut en douter. Les tendances à la hausse ne se laissent pas retourner facilement.
Bloquer les prix ? Cela peut paraître efficace sur le papier : une décision administrative et le tour est joué. Sauf que la méthode nous ramène à l’économie administrée dont on a vu les effets néfastes dans l’ex-URSS. Ne rien faire pour s’en remettre à l’autorégulation des forces du marché ? Il n’y a que les esprits angéliques qui y croient encore.
Seule une régulation acceptée par toutes les parties prenantes réussira à refroidir la machine inflationniste. Plus ou moins. Le grand régulateur existe déjà, même s’il n’est pas présent, dans les négociations. C’est le consommateur lui-même. Il boude déjà les rayons boucherie et poissonnerie. Une forme de « class action » qui ne veut pas dire son nom.
Patrice Chabanet