Éco-Hebdo : économie de guerre

À quelque chose malheur est bon, le bellicisme de Poutine nous a ouvert les yeux. La menace de guerre se précise sur le Vieux Continent. Fini l’angélisme. Nos démocraties n’ont pas d’autre choix que le réarmement. Le mot fait peur mais s’inscrit bien dans la réalité du moment. Qui dit réarmement dit économie de guerre. Cela implique des budgets militaires plus importants, des moyens de production plus amples, une plus grande réactivité face à un adversaire qui s’est amélioré au fil des combats.

Premier effet de la prise de conscience : l’augmentation des budgets militaires des pays membres de l’OTAN. Ainsi la France va porter le sien à 4% du PIB dès cette année. Il n’était que de 2,1% en 2020. Mais elle est encore loin de la Russie : 6 %. À la vérité, ces pourcentages doivent être corrélés aux valeurs absolues : un peu plus de 100 milliards de dollars pour la Russie. À comparer aux 880 milliards de dollars consacrés par les États-Unis pour leur défense…

Pour le moment, les regards sont braqués sur les dépenses militaires et sur leur évolution. Il ne faudrait pas oublier que, mécaniquement, elles vont contraindre les gouvernements à modifier leurs arbitrages budgétaires. En clair, dans quel secteur faudra-t-il rogner ? Lesdits arbitrages seront d’autant plus délicats que le contexte géostratégique se sera assombri.

Notre pays peut se consoler avec les ventes d’armes. La France est devenue le deuxième exportateur mondial, juste derrière les États-Unis. Les exportations de Rafale, notamment aux Émirats arabes unis, expliquent ce haut fait…d’armes. Cela permet aussi de faire oublier que nous ne parvenons toujours pas à vendre nos matériels en Europe. Un échec plus politique qu’industriel.

Patrice Chabanet