Eco-Hebdo : déstabilisation rampante

Le sort des armes reste indécis sur le front ukrainien. Chacun y va de son pronostic. Mais notre pays, comme nombre de ses partenaires, vit une menace plus présente et plus imprévisible : des craquements dans l’économie. La partie la plus visible de cet iceberg est la remontée de l’inflation. De là découlent des inquiétudes quant aux contre-mesures envisagées par les gouvernements des Etats membres de l’Union et les autorités européennes. L’option la plus souvent évoquée est celle de la hausse des taux d’intérêt pour refroidir la machine.

Qui dit refroidissement dit investissement en baisse, donc une baisse d’activité à prévoir à moyen terme. La Bourse, baromètre plus ou moins fiable, ne s’y est pas trompée. Le Cac 40 reste bloqué sous la barre des 6 000 points. Eternel dilemme entre la menace de l’inflation et un coup de frein trop violent sur la croissance.

Rien ne serait plus faux que d’avoir une approche de la situation en silos, le silo de l’économie et celui de la guerre. Les deux sont interpénétrables. On sait déjà que les dépenses militaires vont reprendre une place qu’elles n’auraient jamais dû perdre. Les Français, comme les Allemands ou les Italiens, prennent conscience qu’ils ne sont pas aptes à affronter une nouvelle guerre. Ils ont les compétences techniques mais plus les moyens.

L’aspect économique devient à nouveau déterminant. Poutine, malgré ses mensonges permanents, l’a bien compris. Il appuie là où ça fait mal. Il coupe le gaz quand il veut. Les Occidentaux se rassurent en se disant qu’il se prive de ressources importantes. C’est vrai. Mais, ce faisant, il fait planer le risque d’inflation chez nous, en faisant exploser les coûts de l’énergie. A ce jeu « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » rien ne peut dire encore qui remportera la mise.

Patrice Chabanet