Eco-Hebdo : achetez français, oui, mais

Il est des slogans qui tombent sous le sens. « Achetez français » est de ceux-là. Une belle incitation à réduire les importations, de quoi faire reculer notre déficit commercial (164 milliards d’euros en 2022, légèrement moins en 2023). Qui plus est, l’injonction qui s’affiche sur les produits made in France épouse l’évolution politique ambiante : priorité au national, pour ne pas dire au nationalisme économique.

À y regarder de plus près, pourtant, il y a là une forme d’hémiplégie dans le raisonnement. Il oublie tout bonnement la réaction de nos partenaires commerciaux. Si les Allemands ou les Anglais privilégiaient le « Achetez allemand » ou « Achetez anglais », nos exportations vers ces pays en souffriraient. Ce n’est vraiment pas le moment. Notre balance commerciale reste résolument déficitaire.

Or nous avons besoin des étrangers pour acheter français, pas seulement des consommateurs de l’Hexagone. Sait-on dans les chaumières que nos exportations d’avions et matériels aéronautiques ont dégagé en 2022 un excédent de 23 milliards d’euros ? Même observation pour l’agroalimentaire avec un surpus de 10 milliards d’euros. En 2022, les ventes de vins et spiritueux français ont atteint à elles seules plus de 17 milliards d’euros.

Acheter français ? Encore faudrait-il que l’offre soit au rendez-vous. Elle ne l’est pas toujours. C’est le cas dans l’industrie pharmaceutique ou dans la fabrication des composants électroniques. La solution, on le voit, ne peut être que globale. Elle passe par notre redéploiement industriel pour donner plus de souffle à nos exportations et réduire l’écart avec les importations. Plus facile à dire qu’à faire…

Patrice Chabanet