Echelle des symboles – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le geste est fort et la démarche lourde de symbole. Mais que pèseront Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Marion Cotillard ou Juliette Binoche dans le combat contre une intolérance érigée en politique d’Etat ? Pour un morceau de peau découvert ou une mèche à peine visible, l’Iran tue. Exécute. Sans autre forme de procès. Mahsa Amini, jeune fille de 22 ans, est ainsi décédée le 16 septembre, quelques heures après son arrestation pour infraction au code vestimentaire de la République islamique.
Aujourd’hui, le pays manifeste. Mais à la colère, répond une répression impitoyable. Alors, que des actrices ou des chanteuses françaises viennent devant la caméra se couper une mèche de cheveux en solidarité avec les femmes iraniennes… Acte militant qui comptera ou indignation sans autre conséquence qu’un buzz sans lendemain ? Certains ressortiront le terme de “boboïsme”. Mais au moins cela a-t-il le mérite d’être clair dans l’intention. Bien sûr. On comprend de suite le message. Pour autant, on a du mal à mesurer illico l’efficacité de l’action. Réveiller les consciences ? Elles le sont déjà, dans notre pays ou chez nos voisins. Elles sont en train de s’exprimer, là-bas. Mais nos stars n’y sont pour rien.
On croira plus facilement à l’efficacité de sanctions extérieures, même si là également, elles risquent de se heurter au jusqu’auboutisme du pouvoir iranien. Plus probablement, d’éventuels changements pourraient-ils être initiés par les Iraniens eux-mêmes. Par exemple ces écolières, qui elles aussi ont choisi de manifester depuis la mort de Mahsa Amini. Pour le coup, même extrêmement jeunes, elles ont en elles une certaine capacité à changer les choses, par la force du message qu’elles véhiculent.